Alors que nous nous dirigions vers le centre de Bourg, le carillon sonna, nous avons eu la chance de nous trouver à 11 h 50, juste au bon moment pour l’entendre. À midi, nous sommes entrés dans la co-cathédrale, les nombreux fidèles chantaient un cantique. La lumière pénétrait par les vitraux, illuminant la nef flamboyante. Puis, l’orgue résonna de toute sa puissance pour célébrer ce jour de fête.
Ite missa est, les portes se sont ouvertes. Le flot des paroissiens se déversait lentement, un peu plus brouillon qu’un cortège. Les femmes arboraient leur tenue printanière, comme il se doit le jour de Pâques.
Y avait-il autant de monde lors du mariage de chacune des quatre filles du docteur Buget ?
Pierre Buget était un notable. En tant que chirurgien, il exerçait comme médecin en chef de l’Hôtel-Dieu de Bourg. Il avait été diplômé le 8 thermidor de l’an 12 à Paris, pour sa thèse intitulée « Considérations sur la gangrène d’hôpital, et sur les moyens propres à prévenir sa contagion, et à la combattre ».
Hotel-Dieu de Bourg |
Il occupait la fonction de membre du conseil municipal, et siégeait aussi au conseil de fabrique de l’église Notre-Dame.
La noce de Céleste
Le 20 août 1823, on se pressait sans doute pour admirer la mariée ravissante au bras de Félix le séduisant futur, tous deux âgés de 21 ans.
Pierre avait choisi pour sa fille aînée un excellent docteur en médecine, poète aussi. Parfaitement assortis, les jeunes gens apparaissaient radieux sur le porche pour saluer les habitants de Bourg.
Co-cathédrale ND de Bourg (Wikipédia) |
En 1831, lorsque le père décéda, « sa mort provoqua d’unanimes regrets […] D’une bonté et d’un dévouement à toute épreuve, très homme du monde, très bon cavalier, il avait depuis longtemps de nombreuses sympathies dans la ville. »
Ses funérailles ont rassemblé tout Bourg dans l’église Notre-Dame. La famille habitait rue Clavargy, près de la place.
Trois filles restaient à marier et cela devait causer du souci pour Adrianne Monnier.
Victor, le seul fils avait alors 25 ans. « C’était un excellent homme, grand, bien fait, très doux, d’une intelligence ordinaire, fonctionnaire modèle ». Sa situation parait assurée en tant que receveur de l’Enregistrement, mais il était affligé d’un bégaiement qui ruina les perspectives de fonder une famille.
La noce de Victoire
En 1835 Victoire accepta l'union avec son cousin, doublement issu de germain puisque leurs grands-parents respectifs étaient deux frères Buget ayant épousé deux sœurs Charlet. Félix Celsis, orphelin très jeune se montrait rebelle, n’ayant pas suffisamment reçu d’éducation aimante et bienveillante. « Doté d’une imagination exubérante et d’une grande activité, il essaya successivement tous les métiers ». Il acheta une étude de notaire qu’il garda peu de temps.
Sa femme « très douce, très fine supportait sans se plaindre toutes les originalités » de cet homme turbulent. Celui-ci la pleura beaucoup lorsqu’elle mourut ; « il s’est alors souvenu de toutes les vertus de celle dont il a grossi les mérites pour le ciel ».
La noce de Justine
En 1838, le 1er janvier
On attendait le fiancé qui ne se pointait pas. Antoine était un célibataire endurci, âgé de 37 ans. Il aurait « oublié l’heure de son mariage et après l’avoir attendu longtemps pour aller à l’église, il fallut l’envoyer chercher. Il fumait tranquillement sa pipe et songeait à je ne sais quoi. » Les accordailles avaient été arrangées par Benjamin Martine, le neveu de Rosalie. Je me doutais que la mère d’Antoine essayait de marier son fils malgré ses réticences. Timide… dit-on ! « La seule vue d’une femme le mettait en fuite ». Pourtant, « on entama des négociations » avec la famille de Justine. Antoine « se résigna à son sort, se laissa présenter, fut agréé, eut beaucoup à souffrir de tous ces préliminaires, mais se trouva en définitive marié sans s’en douter ».
Antoine et Justine sont des ancêtres de la génération VI, sosas 40 et 41.
La noce de Fanny
En 1842, Fanny, la benjamine donna son cœur à Eugène Renaud, de deux ans plus jeune qu’elle, il avait 28 ans. Cet ancien militaire était devenu percepteur.
💑
Les quatre filles du docteur Buget avaient
chacune leur genre de beauté
Celeste, la grâce féminine.
Justine, la force, l’esprit d’initiative, la
résolution.
Victoire, l’esprit et l’enjouement.
Fanny une belle mélancolique, sentimentale
et tendre, un clair de lune très blond.
Selon les souvenirs du fils de Justine (sosa 20) auquel j’ai emprunté les descriptions données dans son livre de raison, il nous est possible d’imaginer les quatre mariages et l’enterrement rassemblant famille, amis et curieux.
Voir aussi ces billets pour connaitre la famille :