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2023-07-16

Cherchons les Charbonnier à Châtillon-sur-Chalaronne

 

Je ne suis jamais allée à Châtillon-sur-Chalaronne, pourtant ce n’est pas si loin de Lyon. Puisque le généathème nous invite à suivre le Tour de France qui passait par là hier, voilà l'occasion de me pencher sur les sosas 370 et 371 qui jouent à chat caché.

Ils se marièrent dans ce bourg le 26 janvier 1763, Châtillon était alors appelé Châtillon-en-Dombes. 

Au cœur de la Dombes, tel un pays de cocagne, s’étend une zone humide de mille étangs, où vivent grenouilles, carpes, brochets et une multitude d’oiseaux.




Nos ancêtres ont marché dans les rues bordées de maisons médiévales en brique et à colombages pour se rendre au marché qui se tient sous les halles du XVe siècle. Ils se sont mariés dans l’église qui, comme les halles, apparaît surdimensionnée.

 

 

Claude Germain et Marie Honoré Charbonnier ont ensuite résidé non loin de là, il leur fallait deux heures à pied pour aller à Saint-Didier-sur-Chalaronne.

Quatre enfants sont nés  :

 


C’est à Saint-Didier-sur-Chalaronne que l’on célèbre, le 17 février 1795, une double noce de leurs deux filles.

Julie épouse François Noël Falcouz, marchand fabriquant de chapeaux (sosas 184 et 185).

Constance épouse Joseph Marie Potalier, tanneur et corroyeur.

Pour le citoyen Claude Germain, leur père, on indique la profession d’agriculteur. Trois ans plus tard, lors du mariage de leur frère, il déclare être propriétaire. Mais n’allez pas imaginer qu’il avait toujours les pieds dans la boue, en 1763 on lui reconnaissait le statut de bourgeois. À l’époque de la Révolution, le statut d'agriculteur pouvait cependant être préférable.

 

Julie possédait vignes, terres et corps de bâtiment à Saint-Didier-sur-Chalaronne (selon le Journal de l’Ain en 1853[i]).


Je ne connais guère cette famille. A l’occasion de cet article, je vais essayer d’explorer les indices que j’avais laissés de côté.

Je pourrais d’abord me laisser porter par les sonorités de leurs patronymes qui chuchotent sur un rythme de danse cha… cha : Châtillon-sur-Chalaronne où s’est mariée mademoiselle Charbonnier, dite Charbonnier de la Tour…  

 


Comment se fait-il que je n’ai récolté qu’un acte de mariage dans cette ville ? Retournons observer de plus près ce document.

 


Claude est le fils majeur de Claude Jérôme GERMAIN, sa famille réside à Saint-Didier-de-Vallin-en-Dombes.


Marie Honorée est fille de Gaspard Charbonnier de la Tour, elle est « demoiselle, majeure et maîtresse de ses droits ». (Pourquoi donc ?) « Pensionnaire aux dames d’Ursule depuis près de neuf ans », elle réside chez les Ursulines. Les religieuses éduquaient les jeunes filles dans le couvent. Marie Honoré a pu apprendre la recette du Petit Pain Châtillonais au safran qui avait la réputation de soigner les maladies des étangs.

Le couvent des Ursulines de Chatillon-sur-Chalaronne


J’aimerais aller à la rencontre de la demoiselle que j’imagine observant l’horizon en haut d’une tour. Mais où est-elle ?



Son père Gaspard, fils de Gaspard Charbonnier, avait le titre d’écuyer. Il est seigneur de la Tour de Journans.

Pour mieux comprendre, il faut remonter le temps. 

Le nobiliaire de l’Ain[i] nous apprend que le 13 juillet 1609, la Tour de Becerel a été vendue à Jean Charbonnier qui l’a laissée le 20 mars 1641 à son fils Charles Charbonnier, conseiller du roi et très digne président en l’élection de Bresse. Ce fief est dans le village de Journans.

La dite Tour consiste en bâtiments, petit jardin et 20 ouvrées de vigne, et une rente portant lods.

Une ouvrée est l’étendue de terre qu’un homme peut labourer dans une journée, ce qui représente environ 550 m2 pour un vigneron.

Le domaine n’est pas très grand, mais cela suffit pour avoir le privilège d’ajouter une pseudo particule au patronyme : Charbonnier de Becerel, ou : de la Tour de Journans.

 

Philibert en devient le chef en 1675. Après son décès en 1710, le domaine revient à Gaspard, ensuite à Gaspard fils de Gaspard; puis après la mort de ce dernier à son frère François, l’oncle de Marie Honorée.

On comprend maintenant que la demoiselle soit maitresse de ses droits et résidant au couvent des Ursulines, puisque son père et sa mère étaient décédés. L'oncle n’apparait même pas à son mariage. 

Sa vie durant, elle conservera le nom de Charbonnier de la Tour.

Quant à la Tour de Becerel, si quelqu’un l’a vue à Journans, dites-le moi !

 




 Sources :

Toutes les photos se trouvent sur Wikimédia Commons

Chabe01, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

[i] Lectura Plus : https://www.lectura.plus/Presse/show/?id=01JOURNALAIN-18531109-P-0004.pdf&query=FALCOUZ

[i] https://books.google.fr/books?id=vbVlc5ZkoTIC&newbks=1&newbks_redir=0&dq=fief%20de%20la%20tour%20de%20journans&hl=fr&pg=RA1-PA202#v=onepage&q=fief%20de%20la%20tour%20de%20journans&f=false


2023-05-21

Justine invite ses sœurs

 

« Tous les ans, au mois d’août, c'est-à-dire au commencement des vacances », Justine aimait inviter ses sœurs chez elle dans la campagne mâconnaise.

Son fils Adrien se souvient des réunions familiales qui animaient la vieille maison de Fuissé à la belle saison.

La maison de Fuissé, dessin d'Adrien.

Toute la famille appréciait de leur rendre visite, car Justine mettait un point d’honneur à les accueillir telle une excellente maîtresse de maison. Il paraît même qu’Antoine, lequel ne s'était pas montré enthousiaste pour épouser Justine, cependant quelques années plus tard, lorsqu’il sortait de ses occupations, faisait bonne figure et se montrait patient à l’égard de chacun de leurs beaux-frères.


Lubin Baugin_-Le dessert de gaufrettes

Le soir à la veillée, les femmes bavardaient, les hommes riaient en goûtant le vin. Justine offrait des gaufres mâconnaises qu’elles avaient confectionnées, cuites dans des fers à gaufre, puis roulées en forme de cigare. Mon mari se souvient de sa tante, arrière-petite-fille de Justine, qui enroulait la pate sur un barreau de chaise pour que les gaufres soient exactement à la taille souhaitée.

Cette spécialité du Mâconnais et de Bresse faisait les délices de tous. 

On chantait, Antoine « jouait fort bien de la flûte, de la clarinette et du flageolet. Au besoin même, il pouvait faire danser en raclant du violon. »…

Sans doute, les enfants chahutaient, on imagine le jeune Adrien et sa petite sœur Fanny tout excités dans cette ambiance joyeuse. 

Antoine, Justine et Adrien


Qui composait cette joyeuse assemblée ?



Céleste, la tante aînée, avec les cousins Charles et Camille.

Célestine est devenue veuve après vingt années de bonheur avec Félix. « Mon oncle mourut fort jeune. Le docteur Despiney s’était surmené dans l’exercice de sa profession et succomba à la peine. Il avait publié des observations physiologiques sur les fonctions du larynx et sur la rage » explique Adrien.



La tante Céleste venait accompagnée de sa fille Camille « très belles toutes les deux et très bonnes ». Les voisins et amis du village les appréciaient à leur tour : « L’arrivée de ces deux était toujours le signal de fêtes, de dîners, de bals ».

« Ma tante avait été très jolie, très fine, brune au teint éclatant. On l’appelait dans la famille la poularde de Bresse ».

 


Elle me chagrine un peu cette photographie de Célestine en dame âgée, telle une fleur fanée, sa beauté a disparu avec sa jeunesse. Peut-être aurais-je préféré la garder jeune et resplendissante comme dans le portrait des articles précédents et ne pas la découvrir ainsi dans un vieil album.


 La tante Victoire et l’ogre.

Victoire « était très gaie, très vive et nous l’aimions beaucoup ». Elle avait épousé son cousin doublement issu de germain, puisque issu de mariage de deux frères Buget avec deux sœurs Charlet. Cet extravagant faisait résonner avec brusquerie l’accent du sud-ouest, « disant toutes les folies qui lui passaient par la tête. Il n’admettait pas la contradiction. Sa grosse voix, son formidable appétit, ses grands gestes avaient terrifié la famille. » Il impressionnait ses neveux « grand, gros, très barbu avec de grands bras terminés par de larges mains et des doigts en spatule qu’il tenait écartés en gesticulant. Très myope il avait de gros yeux ronds qui lui sortaient de la tête et vous regardaient de très près en vous parlant comme pour vous avaler ».

« Mon oncle d’un caractère original et d’une brusquerie méridionale apportait bien avec lui quelques orages. Mais la tendre amitié de ma mère pour ses sœurs et la bonhomie parfaite de mon père aplanissaient les petites difficultés dont il était parfois la cause irréfléchie. » 

 

« Sa femme très douce, très fine supportait sans se plaindre toutes les originalités » de ce personnage turbulent. Celui-ci la pleura beaucoup lorsqu’elle mourut et devint alors paisible comme un agneau.


 Fanny, la douce tantine.

Fanny, la « blonde, douce, maladive, sensible à l’excès, pleine de tendresse pour tout le monde » venait avec son mari Eugène Renaud.


Fanny n’a pas eu d’enfant. Elle a donné son prénom à sa nièce Fanny qui hélas mourra à dix-neuf ans. Avec elle, la joie s’éteignit dans la maison.


 La rentrée de septembre.

« À la fin de septembre, tout le monde nous quittait et nous reprenions tristement le chemin de la ville au commencement d’octobre. » La rentrée était programmée tardivement, car la saison des vendanges s’impose comme une période de première importance en Bourgogne. Il s’agit de remplir les caves et de s’assurer d’un revenu confortable.

Ensuite, la famille retrouvait ses quartiers d’hiver dans la maison de ville à Mâcon qui paraissait bien sombre après les joies de l’été. Cependant, Justine et Antoine estimaient nécessaire que leurs enfants s’instruisent à l’école.

 Voir aussi les articles précédents:

Les quatre filles du docteur B. 

Bourgeois de Bourg


2023-04-30

Les quatre filles du docteur B.


Alors que nous nous dirigions vers le centre de Bourg, le carillon sonna, nous avons eu la chance de nous trouver à 11 h 50, juste au bon moment pour l’entendre. À midi, nous sommes entrés dans la co-cathédrale, les nombreux fidèles chantaient un cantique. La lumière pénétrait par les vitraux, illuminant la nef flamboyante. Puis, l’orgue résonna de toute sa puissance pour célébrer ce jour de fête.

Ite missa est, les portes se sont ouvertes. Le flot des paroissiens se déversait lentement, un peu plus brouillon qu’un cortège. Les femmes arboraient leur tenue printanière, comme il se doit le jour de Pâques.

 🔔🔔🔔🔔

Y avait-il autant de monde lors du mariage de chacune des quatre filles du docteur Buget ?

Pierre Buget était un notable. En tant que chirurgien, il exerçait comme médecin en chef de l’Hôtel-Dieu de Bourg. Il avait été diplômé le 8 thermidor de l’an 12 à Paris, pour sa thèse intitulée « Considérations sur la gangrène d’hôpital, et sur les moyens propres à prévenir sa contagion, et à la combattre ».

Hotel-Dieu de Bourg

Il occupait la fonction de membre du conseil municipal, et siégeait aussi au conseil de fabrique de l’église  Notre-Dame. 


La noce de Céleste 

Le 20 août 1823, on se pressait sans doute pour admirer la mariée ravissante au bras de Félix le séduisant futur, tous deux âgés de 21 ans.

Pierre avait choisi pour sa fille aînée un excellent docteur en médecine, poète aussi. Parfaitement assortis, les jeunes gens apparaissaient radieux sur le porche pour saluer les habitants de Bourg.

Co-cathédrale ND de Bourg (Wikipédia)


En 1831, lorsque le père décéda, « sa mort provoqua d’unanimes regrets […] D’une bonté et d’un dévouement à toute épreuve, très homme du monde, très bon cavalier, il avait depuis longtemps de nombreuses sympathies dans la ville. »  

Ses funérailles ont rassemblé tout Bourg dans l’église Notre-Dame. La famille habitait rue Clavargy, près de la place.


Trois filles restaient à marier et cela devait causer du souci pour Adrianne Monnier.

Victor, le seul fils avait alors 25 ans. « C’était un excellent homme, grand, bien fait, très doux, d’une intelligence ordinaire, fonctionnaire modèle ». Sa situation parait assurée en tant que receveur de l’Enregistrement, mais il était affligé d’un bégaiement qui ruina les perspectives de fonder une famille.


La noce de Victoire

En 1835 Victoire accepta l'union avec son cousin, doublement issu de germain puisque leurs grands-parents respectifs étaient deux frères Buget ayant épousé deux sœurs Charlet. Félix Celsis, orphelin très jeune se montrait rebelle, n’ayant pas suffisamment reçu d’éducation aimante et bienveillante. « Doté d’une imagination exubérante et d’une grande activité, il essaya successivement tous les métiers ». Il acheta une étude de notaire qu’il garda peu de temps.   

Sa femme « très douce, très fine supportait sans se plaindre toutes les originalités » de cet homme turbulent. Celui-ci la pleura beaucoup lorsqu’elle mourut ; « il s’est alors souvenu de toutes les vertus de celle dont il a grossi les mérites pour le ciel ».

 

La noce de Justine

En 1838, le 1er janvier

On attendait le fiancé qui ne se pointait pas. Antoine était un célibataire endurci, âgé de 37 ans. Il aurait « oublié l’heure de son mariage et après l’avoir attendu longtemps pour aller à l’église, il fallut l’envoyer chercher. Il fumait tranquillement sa pipe et songeait à je ne sais quoi. » Les accordailles avaient été arrangées par Benjamin Martine, le neveu de Rosalie. Je me doutais que la mère d’Antoine essayait de marier son fils malgré ses réticences. Timide… dit-on ! « La seule vue d’une femme le mettait en fuite ». Pourtant, « on entama des négociations » avec la famille de Justine. Antoine « se résigna à son sort, se laissa présenter, fut agréé, eut beaucoup à souffrir de tous ces préliminaires, mais se trouva en définitive marié sans s’en douter ». 

Antoine et Justine sont des ancêtres de la génération VI, sosas 40 et 41.



La noce de Fanny

En 1842, Fanny, la benjamine donna son cœur à Eugène Renaud, de deux ans plus jeune qu’elle, il avait 28 ans. Cet ancien militaire était devenu percepteur.


💑


Les quatre filles du docteur Buget avaient chacune leur genre de beauté 

Celeste, la grâce féminine.

Justine, la force, l’esprit d’initiative, la résolution.

Victoire, l’esprit et l’enjouement.

Fanny une belle mélancolique, sentimentale et tendre, un clair de lune très blond.

Selon les souvenirs du fils de Justine (sosa 20) auquel j’ai emprunté les descriptions données dans son livre de raison, il nous est possible d’imaginer les quatre mariages et l’enterrement rassemblant famille, amis et curieux.     

Voir aussi ces billets pour connaitre la famille :

Bourgeois de Bourg

Justine invite ses sœurs



2023-04-09

Bourgeois de Bourg

 

Bourg-en-Bresse n’est pas si loin, pourtant il serait temps que j’invite ma famille à découvrir cette cité qui a vu vivre une branche de leurs ancêtres. Certains depuis trois générations (et davantage, je dois approfondir...) étaient des bourgeois de Bourg (prononcez Bourk). Ce titre doit être compris au sens de citoyen de la ville.  

Justine Buget (sosa 41) 
a vu le jour le 26 février 1807, au numéro 2 rue Clavagry à Bourg.

Elle a quitté la maison de ses parents après son mariage en 1838. La date m'étonne, puisqu’il fut célébré le 1er janvier, mais cela ne posait pas de problème il y a deux siècles. 

Elle était entourée de sa mère Adrienne Monnier, de son frère François Victor et de ses sœurs qui signent de leurs jolis prénoms : Céleste, Victoire, Fanny.


En admirant ce portrait de Céleste, je peux imaginer quatre belles demoiselles vêtues d’élégantes tenues.

Célestine

Célestine est l’aînée, jeune et en pleine beauté elle apparait superbe dans sa robe en soie. Elle porte une coiffure très dessinée par une raie en V partageant une épaisse chevelure brillante, une tresse se relève en chignon sur l’arrière et de chaque côté des anglaises couvrent les oreilles. Un sourire doux et malicieux, et de grands yeux sombres qui vous respectent, montrent qu’elle est sûre d’elle. L’originalité de l'impressionnant col festonné dégage un cou élancé, et met en valeur ses belles épaules dénudées. Les manches bouffantes se resserrent sur les avant-bras. Elle a posé ses ciseaux, le dé et son ouvrage pour lire la lettre bien mystérieuse qu’elle tient dans la main gauche. La taille paraît étranglée par une ceinture fermée par une large boucle qui la rend incroyablement mince. Respire Céleste !

Céleste a épousé un docteur que son père médecin a dû lui choisir. Tous deux avaient 21 ans en 1823. Ce portrait pourrait avoir été peint à cette époque-là.

Justine et Fanny, sans doute moins séduisantes, se sont mariées à trente ans. Orphelines de père, étaient-elles moins dotées ?


J’aimerais voir un portrait de Justine à l'époque de ses fiançailles avec Antoine A.  On ne la connaît que sur des photos où elle est plus âgée. Je me demande même si Rosalie Martine, sa belle-mère n’avait pas un lien de parenté avec elle, elle aurait donc pu arranger les fiançailles. Elle est morte trois mois après le mariage. Je dois chercher si l’on peut relier cette branche. Antoine, sept ans de plus qu’elle, ne se montrait certainement pas désagréable, mais trop rêveur. C’est un architecte qui n’a rien construit, il préférait se promener et dessiner dans la campagne. La vie loin de la ville n’apparaissait pas très joyeuse pour Justine. Elle a élevé deux enfants. Hélas en 1859, elle a éprouvé la douleur de perdre sa fille Fanny âgée de dix-neuf ans.


Justine

Ce tableau la montre très digne dans sa robe sombre, boutonnée jusqu’au cou et fermée par un col très sage, la taille corsetée. Elle a conservé sa coiffure avec des anglaises, à la mode de sa jeunesse. Elle ferme les lèvres sans sourire. Même nez droit et fin, ainsi que des yeux bruns, comme ceux de sa sœur, mais les siens paraissent beaucoup plus éteints. Je ne peux pas imaginer Céleste aussi sévère et triste.

 

En 1838, lorsque Justine s’est mariée, son père Pierre Buget médecin, officier de santé était mort depuis sept ans.

 



Elle n’a connu aucun de ses aieuls.


Du côté paternel :

Claude Buget est né à Châtillon-la-Palud dans la Dombes. En 1763, il avait 24 ans, il exerçait comme chirurgien major dans deux hôpitaux de la ville. Son mariage avec Marie Joseph Charlet est célébré à Bourg, le onze janvier, en même temps que celui de son frère qui épouse la sœur de sa femme. Toutes deux sont les filles de Gaspard Charlet, un marchand connu à Bourg, puisqu'il avait la fonction de major de milice bourgeoise.


Du côté maternel :

Louis Monnier est né à Pont-de Veyle en Val de Saône, lieutenant de la maréchaussée puis inspecteur de gendarmerie. Il était lui-même fils de Jean Joseph Monnier, un docteur en médecine qui vivait à Bourg avec sa famille.

Il a épousé Louise Vorle en 1773. Son beau-père Pierre Vorle était contrôleur des actes des notaires.



Pour l’heure, je ne prospecte pas plus en amont sur les habitants de Bourg. Je dois aller me promener dans la ville. Plus tard, je vous raconterai les exploits militaires des oncles de Justine.

 

Voir aussi :

Les quatre filles du docteur B.

Justine invite ses sœurs


 

2020-06-12

Un R

Si l’on prête l’oreille, on entend chanter un air ancien dans cette forêt du Jura.
Remontons les siècles à la recherche d'un patronyme oublié.
Pour découvrir que nous avons gagné un R supplémentaire.
Un air de famille…

Charix (Ain)

Ce paisible paysage rendait-il heureux, Félix, l’ancêtre qui demeurait ici ?

Félix Chartron vit à Charix.
Chuchotons cette allitération sur la route de Charix.

 

On dit que cette commune, se trouvant sur une très ancienne voie « la vy des chars », en aurait gardé le toponyme.  
J’ai pendant longtemps échoué à remonter cette branche, établie à Lyon à la fin du XVIIIe siècle. Ce patronyme est celui de la grand-mère de mon mari, il a été quelque peu négligé dans la mémoire familiale : " On ne sait rien des Chartron ! " Bien sûr, cette affirmation m’a donné envie d’explorer cette forêt généalogique !
Lorsque j’ai découvert que Pierre Joseph Chartron était né à Charix, Euréka ai-je dit ! D’autant plus que cet homme est à la fois le sosa 224 et 230 de mon époux.

Nous sommes allés randonner aux confins de l’Ain et du Jura.
Connaissant encore peu de choses de cette branche au XVIIIe, je n’avais guère d’histoires à raconter. Nous avons décidé d’apprécier le paysage, les sombres forêts de sapins, les vertes prairies où broutent les vaches, l’air vivifant dont nous avions besoin en ce printemps 2020.

Lac Genin

Une balade autour du lac Genin, en suivant la légende de la Vouivre, en contournant les tourbières, en marchant dans les bois de hêtres et d’épicéas, voilà ce que j’ai proposé à leurs descendants, pour qu'ils respirent le même air que leurs ancêtres.


Pour ma part, je me trouve bien étrangère dans cette région qui n’est pas celle des miens. Alors, j’ai grandement apprécié d’entendre mon fils s’exclamer : “Comme j’aime ce paysage ! Je m’y sens très bien." Cela me récompensait d’avoir proposé cette idée de retour vers ses racines. 
Bien sûr, les sorties sont pour moi des prétextes à la généalogie. Pourtant, je me demandais ce que je pourrais bien écrire sur cette branche peu feuillue que je n’avais guère développée.


Un détour par le village d’Apremont où est née, en 1664, Andréane, la grand-mère de Pierre Joseph, m’a fourni quelques photos permettant d’imaginer leurs maisons, il y a trois siècles.



Nous sommes évidemment entrés dans le cimetière de Charix où j’étais sûre de rencontrer des dizaines de Chartron, puisque les pages des registres semblaient indiquer que le berceau de ce patronyme en a vu naître et mourir beaucoup.
Et là : aucune tombe n’abritait ce nom ! Des Chatron oui, mais pas de Chartron. 
Nous avons ri de ma déception, j’ai alors pensé que seule cette variante avait prospéré au XXe siècle.

De retour devant ma forêt numérique, j’ai ouvert la page qui m’a appris l’origine de Pierre Joseph Chartron, afin de retrouver l’émotion ressentie lorsque je l’ai lue il y a plusieurs années. 

27 /01/1757 à Lyon
Pierre Joseph Chatron et Marguerite Sauzion, le 27 /01/1757 

Cet acte de mariage, passé à Lyon, me donnait des pistes intéressantes, utiles, mais difficiles à suivre.
Chary en Bugey = Charix
Son père est Félix Chatron, le nom de sa mère, Jeanne Hurisson, est erroné (Hurisson = Husson ou Usson). 
En regardant de plus près notre patronyme Chartron est ici : Chatron !

Sur son acte de décès, le 13 thermidor de l’an 5, il est bien précisé qu’il naquit à Chary, près Nantua. A ce moment-là, ... il est appelé Chartron.
Donc, voilà qui montre l’intérêt de lire et relire attentivement les actes, car cette transformation de patronyme m’avait échappé jusqu’à aujourd’hui ! 💥😵

Allons voir de plus près les registres de naissance de ses enfants :
Sur les cinq enfants que je connais, je n’ai trouvé que deux actes.


Le 3 février 1758, pour le baptême de sa fille Benoîte Chartron, le père signe Chatron. (Et moi qui n’avais pas remarqué le R discordant)


Douze ans plus tard, le 8 février 1770, pour la naissance de Jeanne, il signe Chartron, la dernière syllabe est douteuse, mais il a bien intégré le premier R.



Ce n'est pas tant le changement d'orthographe qui me chiffonne, les variantes de nom sont une découverte basique dès les premières recherches généalogiques, mais comment n'ai-je pu découvrir celui-ci qu'aujourd'hui, en rentrant de cette belle excursion dans le village d'origine dont je rêvais depuis plusieurs années !
Il me reste à poursuivre cette enquête avec d’autres documents, comportant la signature du premier aïeul qui a porté les deux versions du patronyme, pour en voir l’évolution.