Je vais vous présenter le père de Claudine Vincent (sosa 21789) dont la descendance est
bien connue. J’ai longtemps cherché ses
traces, il ne figure dans aucun des nombreux arbres généalogiques publiés avant le mien.
Je peux assurer que Pierre
Vincent, bourgeois de Lyon, est bien le père de Claudine Vincent.
Je ne trouve pas leurs actes de
naissance ni de décès. J’ignore le nom de la mère de Claudine, et si elle avait
des frères.
Vous pensez bien que j’ai cherché autant que
j’ai pu. Le seul espoir serait de lire le contrat de mariage de Claud[in]e Vincent avec Claude Bullion en 1544, si je
connaissais le nom du notaire (à Lyon ?)
Le blason des Bullion, « trois fasces ondées, surmontées d’un lion naissant est écartelé de
Vincent, qui est d'argent à la bande de gueules,
accompagnée de six coquilles du même, mises en orle. »
Voilà qui me donnerait
envie de m’intéresser à l’héraldique.
Pierre Vincent
Cet homme possédait probablement
des bateaux pour transporter ses marchandises sur la Saône. D'ailleurs, il a marié sa fille Claudine à Claude Bullion, marchand par eaux habitant
Mâcon.
En 1529-1530, dans les comptes de la ville de
Lyon, on trouve Pierre Vincent, marchand fournissant du blé.
« Approvisionnement achat de blé fait par la ville à Pierre
Vincent, marchand de Lyon. »
Ses bateaux devaient remonter la
Saône, tirés par les chevaux sur des chemins de halage, jusqu’à Chalon-sur-Saône.
En août 1546, on le voit justement
à Chalon où il achète, pour 1600 livres tournois, la charge de récolter le
droit de bichenage de tout grain. Ce droit s’appelle couponage et
cartenage à Lyon, il est perçu sur les
marchands qui vendent le blé à la Grenette. Le bâtiment de la halle aux grains
demeure encore visible rue des Cordeliers à Lyon, Pierre Vincent devait fréquenter
ce marché.
On peut même savoir où se
trouvait la maison de Pierre Vincent.
Puisqu’en
1552-1553, la ville de
Lyon comptabilise des
« fraiz faict
pour avoyr faict abattre et desmollir la masse de pierre que Pierre
Vincent, marchant de ladicte ville auroit avancé sur la rivière Saône, bastissant sa maison joignant la porte
Chanavier, laquelle estoit fort préjudiciable au cours de la rivière et
dangereuse pour les basteaulx y trafiquans durant le cours d’icelle, aussy pour
faire ung port au lieu de ladicte maison »
La
porte Chenavyère se trouvait alors à peu près à la place
située entre le port de la Feuillée et la boucherie des Terreaux. Au début du
XVIe, un pont-levis avec deux grilles fermait le «
Portail
Chenevier »
En 1560 -1561
La place près de la porte
Chenevière a été donnée à pension (en location), à Pierre Vincent pour installer
un port. Ce qui était sûrement pratique pour amarrer ses propres bateaux.
En 1564
Son gendre, Claude Bullion, gère
la succession en tant que « mary de
Claudine Vincent, fille et héritière de feu Pierre Vincent. » Claudine
semble être la seule survivante de son père.
Cet habile financier tenait des
rentes sur la gabelle. Il apparaît assez fortuné pour prêter de l’argent à la
ville de Lyon, ce qui lui assurait une « Rente payée par la ville à Pierre
Vincent » .
Pierre Vincent est
seigneur de
Chamelet, en effet, le 12 janvier 1552, il a acheté la châtellenie vendue par le
prince qui avait des dettes. Le 19 janvier 1561, il accepta ensuite de céder à l’amiable
ce domaine à Charles IX. Il en a donc été propriétaire durant neuf années.
Pierre Vincent semble être protestant puisque sa fille est connue
pour pratiquer la religion huguenote
calviniste. Elle a vécu en Suisse, car elle a déposé trois testaments
chez un notaire de Genève.
On pourrait supposer (sans l'affirmer) que les Vincent
appartiennent à la même famille qu’Anthoine Vincent, fils de Simon Vincent,
imprimeur, libraire, de religion calviniste. Antoine Vincent, bourgeois de Lyon
a été un consul de cette ville contemporain de Pierre Vincent. Il participa activement au développement de
l'Église réformée de Lyon. Il émigra à Genève, ce qui montre encore un point commun
avec Demoiselle Claudine Vincent.
Les descendants de Pierre Vincent, par sa fille Claudine, sont nombreux. Une partie est devenue catholique ; l’ambition et l’attrait de la noblesse les conduisirent à se rapprocher du pouvoir royal. Certains ont occupé de hautes fonctions où ils se sont enrichis sans vergogne. Effectivement, l'un d'eux,
Claude de Bullion, ne fait pas honneur à la famille.
Pierre Vincent (sosa 43578) se place comme le plus ancien ancêtre lyonnais d’une branche bourguignonne.
Bibliographie :
Annales de l’Académie de Mâcon, 1892
Indicateur héraldique et
généalogique du Mâconnais, Adrien Arcelin, 1865
Yves Krumenacker, dir. Lyon 1562
capitale protestante, Editions Olivétan, 2009
Archives de Lyon, voir plan 1575
Inventaire des archives
communales de Lyon vol 3