On dit que cette commune, se trouvant sur une très ancienne voie « la vy des chars », en aurait gardé le toponyme.
J’ai pendant longtemps échoué à remonter cette branche, établie à Lyon à la fin du XVIIIe siècle. Ce patronyme est celui de la grand-mère de mon mari, il a été quelque peu négligé dans la mémoire familiale : " On ne sait rien des Chartron ! " Bien sûr, cette affirmation m’a donné envie d’explorer cette forêt généalogique !
Lorsque j’ai découvert que Pierre Joseph Chartron était né à Charix, Euréka ai-je dit ! D’autant plus que cet homme est à la fois le sosa 224 et 230 de mon époux.
Nous sommes allés randonner aux confins de l’Ain et du Jura.
Connaissant encore peu de choses de cette branche au XVIIIe, je n’avais guère d’histoires à raconter. Nous avons décidé d’apprécier le paysage, les sombres forêts de sapins, les vertes prairies où broutent les vaches, l’air vivifant dont nous avions besoin en ce printemps 2020.
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Lac Genin |
Une balade autour du lac Genin, en suivant la légende de la Vouivre, en contournant les tourbières, en marchant dans les bois de hêtres et d’épicéas, voilà ce que j’ai proposé à leurs descendants, pour qu'ils respirent le même air que leurs ancêtres.
Pour ma part, je me trouve bien étrangère dans cette région qui n’est pas celle des miens. Alors, j’ai grandement apprécié d’entendre mon fils s’exclamer : “Comme j’aime ce paysage ! Je m’y sens très bien." Cela me récompensait d’avoir proposé cette idée de retour vers ses racines.
Bien sûr, les sorties sont pour moi des prétextes à la généalogie. Pourtant, je me demandais ce que je pourrais bien écrire sur cette branche peu feuillue que je n’avais guère développée.
Un détour par le village d’Apremont où est née, en 1664, Andréane, la grand-mère de Pierre Joseph, m’a fourni quelques photos permettant d’imaginer leurs maisons, il y a trois siècles.
Nous sommes évidemment entrés dans le cimetière de Charix où j’étais sûre de rencontrer des dizaines de Chartron, puisque les pages des registres semblaient indiquer que le berceau de ce patronyme en a vu naître et mourir beaucoup.
Et là : aucune tombe n’abritait ce nom ! Des Chatron oui, mais pas de Chartron.
Nous avons ri de ma déception, j’ai alors pensé que seule cette variante avait prospéré au XXe siècle.
De retour devant ma forêt numérique, j’ai ouvert la page qui m’a appris l’origine de Pierre Joseph Chartron, afin de retrouver l’émotion ressentie lorsque je l’ai lue il y a plusieurs années.
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Pierre Joseph Chatron et Marguerite Sauzion, le 27 /01/1757 |
Cet acte de mariage, passé à Lyon, me donnait des pistes intéressantes, utiles, mais difficiles à suivre.
Chary en Bugey = Charix
Son père est Félix Chatron, le nom de sa mère, Jeanne Hurisson, est erroné (Hurisson = Husson ou Usson).
En regardant de plus près notre patronyme Chartron est ici : Chatron !
Sur son acte de décès, le 13 thermidor de l’an 5, il est bien précisé qu’il naquit à Chary, près Nantua. A ce moment-là, ... il est appelé Chartron.
Donc, voilà qui montre l’intérêt de lire et relire attentivement les actes, car cette transformation de patronyme m’avait échappé jusqu’à aujourd’hui ! 💥😵
Allons voir de plus près les registres de naissance de ses enfants :
Sur les cinq enfants que je connais, je n’ai trouvé que deux actes.
Le 3 février 1758, pour le baptême de sa fille Benoîte Chartron, le père signe Chatron. (Et moi qui n’avais pas remarqué le R discordant)
Douze ans plus tard, le 8 février 1770, pour la naissance de Jeanne, il signe Chartron, la dernière syllabe est douteuse, mais il a bien intégré le premier R.
Ce n'est pas tant le changement d'orthographe qui me chiffonne, les variantes de nom sont une découverte basique dès les premières recherches généalogiques, mais comment n'ai-je pu découvrir celui-ci qu'aujourd'hui, en rentrant de cette belle excursion dans le village d'origine dont je rêvais depuis plusieurs années !
Il me reste à poursuivre cette enquête avec d’autres documents, comportant la signature du premier aïeul qui a porté les deux versions du patronyme, pour en voir l’évolution.