Erreur sur la maison
« A l‘ouest de la place de la Trinité, entre la rue Saint-Georges et la montée du Gourguillon, l'étroite façade Nord de la maison emblématique de la place dite la « Maison du Soleil», datée de 1723, est décorée en son centre d'un soleil doré sur fond bleu en référence au propriétaire du XVIIe siècle, un capitaine de la milice nommé Barou du Soleil, ainsi que d'une statue de la Vierge et d'une statue de Saint-Pierre dans deux niches d'angle. » (source http://www.patrimoine-lyon.org/Vieux-Lyon/saint-georges/la-place-de-la-trinite)
Ce joli
soleil fait lever la tête des passants, les touristes s’arrêtent pour zoomer l’astre
qui darde ses rayons. Et les guides racontent cette légende que l’on peut lire
dans plusieurs ouvrages :
« Cette
maison, construite au 16ème siècle, tire son nom du soleil surmontant une
fenêtre du 1er étage, emblème de la famille Barou du Soleil, propriétaire des
lieux au 17ème siècle. La tête casquée, au-dessus de la porte, en est peut-être
un autre souvenir, en référence à l’éminente fonction de l’un d’eux, capitaine
de la milice urbaine. »
Pourtant,
le propriétaire n’a jamais été Barou du Soleil !
Où habitaient Monsieur et Madame Barou du
Soleil ?
C’est la
question que je me suis posée, car j’aurais aimé leur rendre visite.
Le facteur
savait où porter cette lettre !
Quelle satisfaction pour Pierre Antoine d’habiter avec sa femme dans leur bel hôtel à Lyon, proche de voisins et amis importants !
La maison se trouvait au numéro 4 de la rue Saint-Joseph, connue actuellement comme la rue Auguste Comte.
Malheureusement, la démolition de l’immeuble, il y a une soixantaine d’années en a effacé les traces. Regardons attentivement cette photo de 1972, à l’arrière-plan, l’immeuble neuf en clair semble évoquer le fantôme de l’hôtel des Barou du Soleil, que j’aimerais tellement voir en gravure.
L'hôtel des Barou du Soleil apparaît sur cette photo de la fin
du XIXe, à côté de l’hôtel de Varey situé au n° 2, avec sa façade sur la place
Bellecour. Jean Dervieux du Villars de Varey est le voisin, et aussi collègue
de Barou, conseiller à la Cour des Monnaies.
Sur ce plan de 1865, la propriété appartient au petit-neveu de Jeanne Marie, comte de Chaponay.
La façade
principale donne sur la rue Saint-Joseph, et la cour sur la rue de Bourbon,
actuellement rue Victor Hugo. La cour intérieure, considérée comme un jardin,
car les Barou aimaient les plantes, contient un puits. Elle s’ouvre sur les
écuries où l’on peut loger quatre chevaux, et les remises où se gare une
diligence verte, et une autre remise où est déposée une chaise à porteurs.
Le 1er
avril 1758, le père Antoine Barou avait fait, moyennant la somme de 95 000 livres,
l’acquisition d’une partie du terrain provenant du monastère des Bénédictines
du Blye. Les religieuses y restèrent jusqu’en 1741, date à laquelle ce prieuré
est supprimé. Il a fait construire un bâtiment de 760 m2
s’élevant sur trois étages, à côté de l’hôtel de Varey.
La façade ayant
pour surface 760 m2 mesure dix-huit mètres. Le rez-de-chaussée comporte
dix- sept pièces, le premier étage treize pièces, le deuxième étage dix pièces,
et le troisième étage sept pièces.
En 1809,
Trente et une personnes vivent dans l’immeuble, dont
deux membres du conseil municipal de Lyon. La Veuve Barou occupe huit pièces, avec
son frère Simon Antoine Durand de la Flachère et quatre domestiques. Au 2ème
étage, sept pièces sont attribuées à sa nièce Marie, épouse de Chaponay avec
leurs trois enfants.
https://www.fondsenligne.archives-lyon.fr/ark:/18811/7c634670c230b8187f6c1d02e81fae2b#
En 1815
On compte trente-six personnes. On loge quatre chevaux dans
l’écurie, deux appartiennent à madame Barou, et deux à sa nièce. Beaucoup de
personnes sont veuves, la cour est animée par cinq enfants. Un portier qui est
aussi tailleur garde la maison. Une brodeuse à main habite au dernier étage. Malgré
les travaux d’entretien qui ont été faits, les appartements doivent avoir perdu
de la valeur, car les locataires apparaissent moins aisés, selon le
recensement aux AML.
https://www.fondsenligne.archives-lyon.fr/ark:/18811/9012e606fbeb4efb3de0f309eb1ca8ad
En 1878,
Le contrat
de mariage de son petit-neveu, Antonin de Chaponay avec Cécile Reynaud de
Boulogne mentionne en dot l’immeuble du n°4 rue Saint-Joseph dont le revenu
annuel excède 16000 francs.
Il le vend
le 5 mars 1881. Au siècle suivant, l’immeuble va être démoli entre 1968 et 1972.
Dans le prochain billet ,
nous ferons connaissance avec la maîtresse des lieux Jeanne Marie :
F _ femme
de cœur.


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