2025-11-10

I_Île

 

Mais comment allons-nous le tirer de là ?


Des gardes sont venus arrêter Pierre Antoine Barou du Soleil, il doit être emprisonné par lettre de cachet. Il part vers le sud sous la surveillance d’un homme qui heureusement fait preuve de complaisance.

Une halte sur le chemin dans la vallée du Rhône lui permet de rencontrer son cousin d’Annonay. Barou de Canson admire son courage et sa force tranquille.

Conduit à Agde, puis mis dans une barque pour une traversée jusqu’au fort de Brescou où il va être incarcéré, il est accueilli dans la citadelle par le gardien, le 8 août 1788.



Le commandant du fort, M. Bernard se révèle très sympathique, il est aux petits soins pour son prisonnier. Barou suggère à son épouse de choisir pour sa femme une pièce de belle étoffe de soie noire avec de la gaze ou du crèpe. Elle pourrait aussi acheter un huilier en argent bien à la mode, garni de ses carafes qu’elle enverrait en remerciement.



Pendant ce temps, Madame Barou mobilise le réseau de leurs amis, les relations de ceux-ci et même l’archevêque de Lyon.

Nombreuses sont les lettres de soutien qu’elle a conservées. Parmi celles-ci, on remarque avec surprise le message de Boissy d’Anglas ; son compatriote d’Annonay n’hésite pas écrire sa peine avec un style grandiloquent, mais il se tient en retrait sans appuyer une demande de grâce.


Lettre de Boissy d'Anglas


Madame,

L'inviolable attachement que je m'honore d'avoir pour M. Bârou, m'a fait apprendre avec beaucoup de peine, l'évenement qui lui est arrivé. Permettez moi Madame de vous dire combien j'y suis sensible et combien je partage le chagrin qu'il vous a causé. M.Bârou trouve dans le motif qui a determiné ses démarches, une consolation contre la disgrace qui les a suivies. Mais vous Madame qui lui êtes si tendrement attachée vous ne pouvez que sentir la douleur d'une separation si cruelle, et tous ceux qui ont l'honneur de vous connaître ne peuvent que s'attrister avec vous. Si j'écrivais à M. Bârou, je le louerai pour son courage, pour la marche de sa conduite, meme en n'adoptant pas les principes qui l'ont guidée, je lui dirais combien est estimable à mes yeux celui qui n'a pas hesité à sacrifier sa liberté à ce qu'il a cru le bien de la patrie,  et je me réjouirais avec lui, de toure l'estime qu'il s'en acquiert. Mais à vous Madame, je ne dois que vous temoigner la part que je prends à vos peines et vous offrir mes voeux pour le prompt retour de M. Bârou. Si vos lettres lui parviennent comme je le crois, faites moi la grace  Madame de lui dire que je ne suis l'un de ceux , qui sont le plus affligés de sa captivité, et qui en desirons le plus la fin.

Je suis avec un  profond respect

Madame

votre tres humble et tres obeissant  serviteur

Boissy d'Anglas

a Annonai 15e aout 1788


 

Libération

Lorsque le ministre est congédié et remplacé, le 8 août par Necker, celui-ci intervient pour le faire libérer. 

Lettre de 30 janvier 1789 à sa femme.

 

Laurent de Villedeuil qui vient d’être promu conseiller d’État le 30 août, écrit, en réponse à sa demande, à Mme Barou le 4 septembre pour lui annoncer la libération de son mari.


Lettre de M. de Villedeuil à M. Le Prévôt des Marchand

du 1er X 1788

Je viens Mr, d'envoyer des ordres au commandant du fort de Brescou pour en faire sortir M. Barou du Soleil et pour le reléguer dans sa terre du Soleil sans qu'il puisse passer par Lyon.

 

Barou est donc invité à s’exiler dans son château du Soleil le temps que l’affaire s’apaise.


Pourquoi Pierre Antoine Barou a-t-il été incarcéré dans cette île ? me demanderez-vous.

Cela fera l’objet d’un billet suivant : O_Opposant à la réforme

 

 

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