A Marseille, dans la rue Figuière, se trouvait un figuier qui lui a donné son nom.
Marseille, quartier Saint-Laurent |
C’est
ce que nous raconte Magdeleine Arnoux, mon aïeule, à la génération IX. Elle nous
guide dans les ruelles bordées d’immeubles s’élevant sur trois étages.
Nous voici
arrivés en sa maison quartier
Saint-Jean, rue de la Figuière à Marseille.
Au premier estage de cet appartement, prenant jour sur ladite rue, nous
attendent ses fils François (sosa154),
Pierre, Louis et Laurent. Ils entourent leur mère qui se pose sur une des six
chaises en bois de saule, disposées autour de la table carrée aux pieds
tournoyés. Un miroir au cadre noir à filure doré reflète sa silhouette
fatiguée.
L’année 1738
a été funeste pour cette famille, elle a emporté leur frère Estienne, âgé de dix-sept
ans, le 24 janvier, puis leur père, Jean Bouis (sosa 308), le 2 août.
Tous
sont patrons pêcheurs, ils travaillaient avec leur père qui exerçait comme
prud’homme.
Madeleine confie, en essuyant une larme : « Nous nous sommes mariés dans la cathédrale La Major, le 8 septembre 1702, c'était un jour de fête, celui la Nativité de Marie. Nous étions bien jeunes, j’avais seize ans et Jean dix-neuf ans. »
Les mains de Magdeleine caressent le tapis de levant demi usé qui recouvre la table. Remarquant que j’admire les tableaux peints à l’huile accrochés au mur, elle précise au cas où je l’aurais ignoré qu'ils représentent la Madeleine, sa patronne et saint François.
Son fils François, mon aïeul, est l’heureux papa d’un petit Barthélémy qui va avoir un an. Il dort dans un berceau bois de noyer avec son matelas de laine, son coussin de plume couvert d’indienne. Elle ouvre le tiroir d’une autre table pour prendre la couverture d’indienne dite de saint-Joseph qu’elle pose sur son petit-fils endormi.
François me montre les corbeilles à mettre le poisson. Il me propose de monter au plus haut estage de laditte maison tournant sur le derrière d'icelle, le troizième estage estant arranté à la dame Beuve. Nous y avons trouvé des rez servant à la pêche, savoir quarante this, partie en bon estat et partie mauvais avec ses dépendances. Un autre filet encore, nommé bourgin, avec ses dépendences. Une eissaugue aussi avec ses dépendences, à demy usés. Et plus rien nous n'avons trouvé à descrire dans la présente maison, cy ce n'est que dix huit cordes desparts apellées libans.
La Pêche miraculeuse |
Mon ancêtre m’explique comment son père et ses frères pratiquent la pêche à l’eissaugue.
Leur
grande barque à fond plat tire le filet lesté de plombs, en profondeur les
poissons encerclés sont ainsi capturés. L’équipage se compose d’une dizaine
d’hommes qui tirent des très longues cordes,
appellées libans. Si les pêcheurs sont adroits, et savent manœuvrer, le
filet gigantesque n’abîme pas le fond. Les poissons stockés dans la grande
poche restent frais. Sardines, maquereaux, anchois sont appréciés sur le marché
du port.
Eissaugue |
Magdeleine nous déclare qu'il y a en ce port un batteau apellé Eissaugue avec tous ses agrats.
Alors, François propose de m’emmener le voir.
Allons dans le quartier Saint Laurent,
pour suivre cette famille de patrons pêcheurs
*En italique sont les mots tirés de l’inventaire après décès de Jean Bouis (Grand merci à mon génial cousin Tom !)
Bibliographie et
Traité général des eaux et forêts, chasses et pêches, composé
d'un recueil des reglemens forestiers, dʹun dictionnaire des eaux et forêts,
d'un dictionnaire de chasses et d'un dictionnaire des pêches:
- La Pêche miraculeuse Barthélemy Chasse (Naples, 1659- Marseille 1720)
- Eissaugue cité par G. Buti in "Les Chemins de la mer" p.440
Bravo belle manière de donner vie à un inventaire en les reliant aux personnes de la famille.
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec Fanny, c'est une bien belle manière de raconter le contenu d'un inventaire après-décès !
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé cet article :D
Je suis particulièrement contente que ce billet t'ai plu ! J'ai essayé de rester prudente lors cette visite rue Figuière, car tout ce que je découvre de la famille est original.
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