La Montée des Carmélites est bien
abrupte. Clémence, vêtue de l’habit de toile brune, les épaules couvertes par le
scapulaire, coiffée d’un voile noir sur la guimpe blanche, y posait-elle ses sandales
? Devait-elle toujours rester dans le cloître du monastère, astreinte à la rude
discipline de veille, de jeune et de pénitence ?
On perd souvent la trace des femmes
qui entrent en religion puisqu’elles n’ont pas de descendance et peu d’actes
officiels. Dans ce cas, c’est inespéré de pouvoir suivre Clémence qui vivait au
XVIIIe siècle à Lyon.
Il est possible de comprendre pourquoi
la jeune fille a choisi cet ordre. Les Carmélites se sont installées à Lyon au
début du XVIIe, en haut de la côte des Carmélites (à l’emplacement de
l’actuelle clinique Saint-Charles)[1]. La
puissante famille Villeroy qui les a invitées à Lyon les protège, elle fait
construire des bâtiments et une chapelle de la plus belle facture, richement
ornée. Le fils de la fondatrice, Camille de Villeroy, archevêque de Lyon, était
proche de Thomas Blanchet. C’est l’oncle de Marie, Thomas Blanchet qui a
dessiné, en 1681, le retable du grand autel. Il a conçu le tombeau d’apparat de Nicolas Neuville de Villeroy. La chapelle funéraire de cette famille des fondateurs se
trouve dans l’église des Carmélites. « L’on
peut dire avec raison que jamais l’art n’a esté soutenu avec plus de
magnificence, de bon goût et de propreté, le tout par les soins et suivant le
dessin qu’en a donné le sieur Blanchet, peintre ordinaire du Roy ». Th. Blanchet
était aussi chargé de la gestion des funérailles des plus illustres personnes
de cette famille[2].
Plusieurs Neuville furent gouverneurs de Lyon.
L’église des Carmélites est alors
devenue l’une des plus belles de la ville.
Les bourgeois lyonnais aimaient envoyer
leurs filles au couvent des Carmélites.
Clémence avait dix ans lorsque sa mère
est morte en 1717. Dix ans plus tard, elle prononça ses vœux :
Le 16 décembre 1727, entre 10 et 11 heures du
matin, dans l'hermitage de Notre Sainte Mère Térèse,
Sœur Térèse
Clémence de Jésus, native de Lyon, nommée au monde Clémence Margaron,
fille
de Monsieur Gaspard Margaron et de demoiselle Marie Blanchet, bourgeois de
Lyon,
ayant pris l'habit en ce monastère, le 14
décembre 1726, âgée d'environ 20 ans
a fait sa profession... entre les mains de la
R. Mère Jeanne Susanne de Sainte Agnès, prieure...[3]
Lorsqu’elle
décéda, le 1er décembre 1776, Sœur Thérèse Clémence de Jésus avait vécu soixante-dix
ans, dont cinquante ans de religion. Elle exerçait la fonction de prieure de ce
monastère depuis moins de trois ans.
[1]
Dictionnaire historique de Lyon, P. Béghain, B. Benoit, G.
Corneloup, B. Thevenon, Éditions Bachès, 2010
[2] A. Vachet,
les anciens couvents de Lyon, 1895, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5819645n/f234.item
[3] Histoire du couvent des Carmélites
Michele VIN:Interessant --comme toujours ...plus qu'à trouver le montant de la dot demandée par le couvent...à demain
RépondreSupprimerOui Michèle, je pensais que les recherches étaient terminées concernant Clémence. J'étais déjà ravie d'avoir découvert ces informations. Mais bien sûr, tu me donnes une piste à explorer.
RépondreSupprimerLe destin d'une femme retracé au travers d'archives que je n'ai jamais eu l'occasion de consulter. Merci Marie d'ouvrir les horizons !
RépondreSupprimerIl est rare de pouvoir suivre une femme après son entrée en religion. Pour ma part, dans ces cas là, je n’ai pu découvrir que le nom de l’établissement qu’elles ont rejoint.
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