2024-04-16

Rebondissements

 

MichaelMaggs Edit by Richard Bartz, CC BY-SA 3.0  via Wikimedia Commons


C’est pour participer au ChallengeAZ que j’ai créé ce blog. En juin 2015, mon premier Challenge AZ naviguait avec mes « Marins en Méditerranée ».

Le généathème proposé ce mois-ci m’incite à revoir les récits que j’ai publiés, il y a neuf ans.


Alors que je suis en train de rédiger ce billet, tels de jolis ballons qui vont encore rebondir, de nouvelles découvertes viennent d’arriver et je remercie Hélène, car mon arbre s’enrichit.


Arrêt sur la branche de Rose Deleurye

Le billet intitulé Where in Marseille me rappelle que cette branche est restée longtemps bloquée au 19e siècle, ne pouvant trouver le chemin pour remonter sur Auguste Deleurye. Mon sosa 102 travaillait comme layetier, il était encore vivant en 1843, témoin de la naissance de Rose, mon arrière-grand-mère.

Cet article s’achève sur un post-scriptum pour rebondir :

Quelques minutes après avoir publié cette page juste avant minuit, j’ai eu une belle surprise. Selma m’envoie l’acte de mariage de Rose Deleurye qui me permet d’ajouter une génération.

Un cousinage sympa

J’ai eu l’occasion de séjourner à Marseille quatre mois plus tard et je me réjouissais de rencontrer un fameux généablogueur. Pour préparer mes recherches, je me penche sur les parents d’Auguste dont j’avais réussi à trouver l’acte de naissance le 6 avril 1789. Leur mariage indique que Louis Nicolas, marchand pelletier originaire de Paris, est veuf.

Et voilà que, du côté maternel, je découvre à point nommé un cousinage avec Tom que je devais voir. Il a dressé l’arbre ascendant de la famille Bouis, des hommes travaillant en mer comme patrons-pêcheurs ; Marseille se révèle riche de tant d’archives notariales bien conservées.

 

Une famille étonnante

J’ai lancé des recherches sur ce patronyme Deleurye, rare dans le sud et souvent écrit selon différentes versions dans le nord.

Mon ancêtre arrive de Paris en 1777. Son acte de mariage dit qu’il est le fils de Louis Etienne et d’Anne Jeanne Paulin.

En janvier 2016, j’acquiers un ouvrage sur les musiciens de la famille Paulin. L’auteur cite ses sources. Tout cela me paraît trop extraordinaire, alors je prends le temps de digérer les informations. Plusieurs mois s’écoulent.

 

Le scoop

Le temps passe; en juillet 2023,  je veux écrire une série d’articles pour mettre cette famille au clair. Je consulte le site Familles parisiennes qui numérise beaucoup de registres, ensuite des indexeurs partagent un travail formidable.

C’est alors qu’apparaît Marie Angélique Victoire, fille de Nicolas Louis Deleurye avec sa première épouse. Personne ne connaissait l’existence de cette enfant dont il s’est désintéressé. Je suppose qu’il n’en a pas parlé à sa femme marseillaise. J’ai pu retrouver quelques traces de sa descendance.

Je décide alors que cette série d’articles constituera le ChallengeAZ 2023 « des Ancêtres inattendus ». Je devrais pouvoir écrire 26 billets tout au long du mois de novembre.

 

Rédiger un tel challenge suscite évidemment de nouvelles découvertes. Les participants constatent cela : plus on cherche, plus on se documente, plus on trouve d’histoires dans nos familles.

 

J’ai continué à ajouter deux articles sur une tante et des cousins auxquels je pourrais donner une suite, car leurs existences apparaissent intéressantes et inattendues.

 

And now

L’événement ChallengeAz attire des lecteurs fidèles qui peuvent devenir des amis. Hélène m’a dit que ses ancêtres parisiens pouvaient être des voisins des miens. Elle m’a proposé de commander des cotes lorsqu’elle se rendrait aux Archives Nationales, et elle vient de m’envoyer deux contrats de mariage qui me font gagner de nouveaux ancêtres.

 

Je peux compléter le maillon manquant entre Nicolas Louis et son grand-père François en ajoutant François Deleurye, époux d’Anne Claude Langlois, dont j’ignorais les prénoms.

 

François Deleurye est chirurgien major de l’amirauté de Dieppe, en 1733. Il s’inscrit dans cette longue lignée de chirurgiens fameux.

Beaucoup de membres de leurs familles signent ce contrat : des oncles, des tantes des cousins. Quelle bonne idée de les avoir invités, cela me réjouit de les connaître !

 

Last but not least

Le grand-père d’Anne Jeanne Paulin était maître fourbisseur d’épées. Mais je ne connaissais pas ses origines.

Le contrat de mariage de Pierre Destas m’apprend qu’il est né à Orléans où vivaient son père Jacques Destas et sa mère Jacqueline Trossard.

Je ne m’attendais pas du tout à rebondir pour de nouvelles recherches autour de la ville d’Orléans. Voilà qui pourrait suggérer un projet de voyage, car cette région ne m’est pas encore familière.

 

 

2024-03-30

Un portefeuille plein de douceur, de nostalgie et de mystère

 

Une archive insolite, un trésor… Décidément, le fonds d’archives que j’étudie révèle des surprises.

Dans le billet précédent, j’étais touchée par la tendresse émanant des lettres de Pierre Antoine Barou adressées à son épouse Jeanne Marie Durand.

Je suis retournée aux Archives du Rhône pour continuer d’explorer de nouveaux dossiers.

Dans les papiers personnels de Jeanne Marie Durand de Châtillon, se trouvent divers documents qui me permettent de donner vie à cette femme. Ce sont des lettres, son journal et ses réflexions intimes. Ce sont aussi ses notes en souvenir de son époux, qu’elle rédige fidèlement pour les anniversaires de sa mort. Il a été guillotiné à Lyon en décembre 1793 et elle reste seule, inconsolable d’avoir perdu l’amour de sa vie.


Au milieu de tous ces papiers un petit objet m’interpelle et m’émeut. J’ai failli le montrer aux archivistes de la salle de lecture, je n’ai pas osé, telle une relique le respect imposait le silence, j’ai préféré le photographier, les yeux embués par l’émotion.




Voici un portefeuille en soie, confectionné il y a plus de deux siècles, il a eu la chance d’être emprisonné dans le carton d’archives, je le libère pour quelques minutes. Il tient dans ma main, je l’admire tel un trésor inattendu. Le satin de soie caramel prend la lumière, je peux le caresser du bout des doigts, toucher sa douceur, sentir l’odeur des vieux papiers au milieu desquels il demeure enserré. C’est intimidant, je me demande ce que dirait Jeanne Marie si ses yeux bleus pouvaient voir ce souvenir dans mes mains. J’aimerais bien qu’il me parle d’elle. 

Madame Barou passe pour une femme de goût, cultivée. Pierre Antoine en témoigne : « Tes excellentes qualités m’engageraient toujours à te choisir parmi toutes les femmes ».


L’inventaire de ses vêtements (elle a gardé les comptes de la blanchisserie) détaille quantité de robes, de jupons, de rubans, des souliers… Son mari la conseille sur la mode de Paris ; il lui explique les tendances, en se renseignant auprès des jolies femmes parisiennes.


Cette petite pochette caractéristique de la fin du XVIIIe apparaît cependant assez simple. Elle devait en posséder d’autres ayant plus de prix. Mais c’est celle-ci qui a traversé les siècles.

Elle appartient à une dame élégante, mais qui sait rester discrète.

Confectionnée en soie, cela s’impose à Lyon ! Le taffetas est matelassé, piqué d’un fil de coton marron glacé.

Un galon de croquet serpentine tout autour des bordures et de chacun des deux rabats. L’intérieur couleur crème met en valeur les petits points du fil marron.



Je la tourne, je la retourne cette délicate pochette. Elle se compose de deux compartiments qui se rabattent comme un portefeuille. Je ne sais comment il convient de la plier vers l’intérieur, ou vers l’extérieur. Je ne connais pas les manières raffinées de madame.

Utilisée par une femme soigneuse, qui la manipulait avec douceur, elle est restée en très bon état comme un objet auquel on tient. De légères traces d’usure visibles apparaissent sur les boucles en pointes du galon et en bordure de la pliure centrale.

Un petit accroc témoigne de son utilisation. Aurait-elle été déchirée par la griffe enchâssant une pierre précieuse sur une bague ? Jeanne Marie dont l’époux est accusé d’être contre-révolutionnaire s’est vu confisquer ses bijoux. Elle n’a pas retrouvé tous ceux qu’elle a cachés, beaucoup de ses biens ont été volés à l’époque de la Terreur qui a sévi à Lyon.

 



Intriguée, j’entrouvre les poches, espérant y trouver un billet minuscule adressé à Madame Barou, une petite lettre pliée comme celle-ci. 



Le portefeuille reste vide désormais. Il ne porte ni secret ni billet tendre. S’il a été conservé, c’est qu’il devait être chargé de sens pour Jeanne Marie et aussi pour ses héritiers qui ne l’ont pas dissocié des « papiers de l’écritoire ».


Une archive insolite est le sujet du Généathème, ce billet fait suite à celui du mois dernier :

De la tendresse dans les archives




2024-02-20

De la tendresse dans les archives

 

En ce jour de Saint-Valentin, faut-il s’attendre à dénicher de la tendresse sous la poussière des archives ?


Depuis plus de deux siècles, une correspondance a été soigneusement conservée, d’abord par sa destinataire, ensuite par les neveux et descendants des petits-neveux qui ont décidé de la confier aux AD 69, ainsi qu’une grande partie de leurs archives familiales.

Écrites entre 1771 et 1793, les lettres sont devenues encore plus précieuses pour Jeanne Marie après la mort de son époux, qui fut guillotiné en décembre 1793, victime de la Terreur à Lyon.

Pierre Antoine Barou est un lointain cousin de mon mari. Nos ancêtres communs sont ses grands-parents Antoine Barou et Marie Léorat (génération XI, sosas 1692 et 1693) mariés en 1696 à Annonay.  

Cet homme me touche, car sa famille est originaire de la même ville que moi et il habitait à Lyon dans des maisons que je peux situer. Au cours de mes recherches, j’ai croisé plusieurs personnes qu’il a rencontrées, notamment lors de l’envol des premières montgolfières, en 1784.


J’ai réservé plusieurs cotes aux Archives du Rhône pour donner du corps à mes recherches sur cet homme élégant, un gentilhomme qui m’intrigue. C’est son cœur que j’ai vu battre d’amour pour sa femme à qui il adresse des pensées pleines de tendresse.

La dame de 💜
(carte dans le fonds d'archives)

Chaque missive offre une déclinaison de ses sentiments :

« Adieu ma bonne et tendre amie, je t’aime et t’embrasse du plus profond de mon cœur. »


18 août 1782


21 may 1783


Sa fin tragique ajoute une tension terrible qui irrigue la lecture de sa correspondance. Pierre Antoine et Jeanne Marie n’ont pas eu d’enfant. Ils apparaissent comme un couple uni, amoureux, ils se confient leurs projets ainsi que les moments de déception. Il lui explique en détail les rencontres, les visites aux amis, et les affaires professionnelles qu’il traite avec plus ou moins de succès.    

Les mots par lesquels il termine ses missives sont touchants. Aimeriez-vous recevoir de telles déclarations ? 

18 septembre 1771


Lettré, polyglotte, maniant le verbe comme un avocat, séducteur jouant à l'italien, il écrit quelques pages dans cette langue et Jeanne Marie joue le jeu en lui répondant sur le même ton. 



Certaines lettres commencent sur des reproches mutuels qui apparaissent d’abord sans gravité et semblent liés aux aléas de la poste. Je dois les relire plus attentivement pour déceler ce qu’il se trame entre les lignes. Madame suspecte quelque infidélité et monsieur se justifie avec brio. 




Au nom du plus tendre attachement, ne trouble pas ma tête des inquiétudes de la tienne ; mon amitié bien éprouvée devroit t’inspirer plus de confiance, et ce n’est pas à mon âge, qu’on peut craindre de me trouver moins fidèle à ce sentiment. – Je t’embrasse sans réserve et sans conditions. Adieu. (16 août 1782)

Ces mots semblent être une réponse à la lettre de Jeanne Marie rangée sous une autre cote. Par retour, elle lui adresse de vives réprimandes sur sa conduite légère et conclut : «Je te prierai aussi de ne pas brûler cette lettre et de me la rendre à ton retour ». C’est ainsi que ces correspondances ont été conservées jusqu’à nous.

Ce billet est inspiré par le généathème "Rendons-nous aux archives !"


2024-01-20

Blog anniversaire 9 ans


Il y a 9 ans, mon blog était tout neuf.



J‘espère qu’il n’a pas pris la poussière, car je l’astique régulièrement pour qu’il brille de tous ses feux, pour ne pas laisser éteindre le souvenir de ceux que j’ai ranimés. Un peu magique, il me transporte chez mes ancêtres.



A présent, il comporte 455 articles.


De nouveaux lecteurs viennent s'ajouter à ceux qui fidèlement me suivent. Plusieurs cousins éloignés m'ont contactée, après avoir trouvé des traces de leurs ancêtres dans les récits que je raconte. 



Bilan 2023

En 2023, j’ai publié 35 billets. La plupart s’intéressent à des branches peu explorées.

Nous sommes allés à Bourg-en-Bresse pour connaître la ville où vivait autrefois une famille que je n’avais pas encore visitée. Ce qui a inspiré ces billets : Bourgeois de Bourg, Les quatre filles du docteur B, Justine invite ses sœurs.  

Je pourrais continuer, en cherchant d’autres informations, notamment sur les collatéraux.

Bien souvent, l’écriture m'aide à dénouer des nœuds et à rénover ma forêt.




Les généathèmes proposés par Geneatech m’ont souvent inspiré des histoires que je n’aurais pas dénichées sans cette motivation.

En juillet, j’ai cherché les Charbonnier à Chatillon-sur-Chalaronne.

Pour la rentrée, j’ai trouvé beaucoup de détails concernant la vie de mon aïeul à la onzième génération qui exerçait comme Régent des écoles au XVIIe siècle.


Mon neuvième Challenge AZ  : Des ancêtres inattendus.

Un thème commençait à prendre forme. Durant le mois d’août, j’ai réalisé que la série d’articles que je rédigeais pour l’été pouvait constituer 26 épisodes de A à Z. J’ai alors mis de côté le projet en cours, je me suis lancée. Les semaines de préparation ont été bien remplies entre la recherche et la rédaction. Arrivée à la fin du mois, je constate que 26 billets ne suffiront pas à explorer cette incroyable branche parisienne tellement éloignée de celle de Marseille. 


Aux Archives de Lyon

Voici une capsule pour annoncer ma présentation dans le cadre de la semaine de généalogie aux AML : Généalogie et réseaux sociaux.



Les réseaux sociaux s'installent dans de nouveaux canaux, (on ne dit déjà plus Twitter, comme au printemps dernier).

Comme beaucoup d’ami.e.s j’ai ouvert un compte sur Mastodon et sur Bluesky. Pour l’heure, ils ne fonctionnent pas aussi bien que je le souhaiterais, car il n’est pas aisé de changer nos habitudes. 

J'apprécie toujours les échanges entres généablogueurs.euses avec lesquels des amitiés se sont créées.


Mes projets pour 2024

Je viens de finaliser une présentation pour mon groupe PFL (Patrimoine et Familles du Lyonnais), sur le thème des transports au XIXe siècle au travers des correspondances que j’étudie.



J’avais prévu d’en faire le sujet du Challenge AZ 2023. Peut-être sera-t-il celui de cette année ? 


Dans mon logiciel Généatique j’ai crée une nouvelle catégorie de notes : Billet de blog. Je vais reprendre chacun de mes articles pour les associer à un ou plusieurs personnages de ma généalogie. Je garde en mémoire les histoires que j’ai écrites, mais ce sera plus simple pour les retrouver en deux clics. Cette entreprise comporte un risque certain, si la relecture de ces textes me pousse à les améliorer, cela constituerait un projet gigantesque à entreprendre dans les coulisses de la Forêt de Briqueloup.

🌟

Voici mes vœux pour l’an neuf.




2023-12-09

Une Sage Femme bien entourée


Il a dû être bien déçu Louis Etienne Deleurye (sosa408), après la mort de sa vieille tante.

Présent en tant que témoin, il avait signé la déclaration de décès le mardi 30 septembre 1738.




Il avait accompagné les funérailles depuis la rue Contrescarpe, suivi le cortège jusqu’à l’église Saint-André-des-Arts et assisté avec la famille à la cérémonie avant l’inhumation dans cette église, à 6 heurs du soir.

 


Louis Étienne et sa femme Anne Jeanne s’assirent au premier rang; à côté de lui se trouvaient son neveu Pierre Nicolas et sa nièce Madeleine Catherine Deleurye, ainsi que mademoiselle Petit, la fille de sa sœur Anne Claude. Il avait fait imprimer le placard. 


Les deux autres témoins officiels étaient les cousins de la défunte. Ceux-là je ne sais pas exactement où les placer dans la généalogie, de belles surprises apparaissent en vue ! Je commence à suivre quelques pistes, bientôt les informations sur leurs familles pourront devenir le sujet de prochains articles.


Jean Baptiste Coignard, ainsi que Pierre Jean Mariette sont imprimeurs-libraires à Paris.


Jean Baptiste Coignard


La famille Coignard exerça l’imprimerie avec distinction à Paris pendant 140 ans.


Pierre Jean Mariette

La famille Mariette constituait une importante dynastie de graveurs, imprimeurs et marchands d’estampes.



 

L’église Saint-André-des-Arts était remplie. Je me demande si Frédéric Hubert Paulin, le père d’Anne Jeanne, avait bien voulu s’occuper des chants et jouer du serpent pendant l'office.

Élisabeth Langlois était connue de beaucoup de familles qui ont tenu à être présentes à la cérémonie. Comme sage-femme, elle avait assisté à la naissance de tant d’enfants à l’Hôtel-Dieu ou dans le quartier. Elle était même maîtresse sage-femme, elle formait des matrones pour prendre soin des accouchées et des nouveau-nés.

Voulant apporter leurs témoignages, plusieurs personnes s’approchaient pour exprimer leurs condoléances auprès de Louis Étienne et de son neveu Pierre Nicolas. Ces maîtres chirurgiens font partie d’une famille que beaucoup de Parisiens connaissaient.

Le père de Pierre Nicolas était spécialisé dans l’obstétrique, il est probable qu’il travaillait avec sa tante.


Était-on ému du décès de cette vénérable personne à l’âge de 78 ans ?


Edmée Gonet qui était sa servante est devenue son assistante; en juillet 1737 elle a été nommée pour la remplacer comme maîtresse sage-femme à l'Hôtel-Dieu. Elle essuyait une larme avec un joli mouchoir que sa patronne lui avait sans doute donné.

Hélène Perpétue et Edmée Aubert se montraient proches de leur tante qui reporta sur elles l’affection qu’elle éprouvait pour sa sœur Hélène, morte en 1725.

Ouverture du testament

Le 5 décembre, lorsque les neveux et nièces se réunirent chez le notaire pour l’ouverture du testament, ils découvrirent les consignes rédigées avec précision sept ans auparavant .

Edmée Gonet pleurait toujours dans son mouchoir, mais cette fois d’émotion de toucher 200 livres en plus de ses gages.

Hélène Perpétue est invitée à choisir trois paires de draps, deux douzaines de serviettes et deux nappes de toille de ménage parmi le linge. Plus une rente annuelle de 200 livres sur la maison qui appartenait à ses parents, sise rue de l’Arbalète attenant le jardin des apothicaires. Cette maison ira aux enfants, nés et à naître, de sa sœur Edmée.



Quant à l’exécuteur testamentaire : la ditte Delle testatrice a nommé la personne du Sieur Jean Pierre Mariette fils, imprimeur libraire, son cousin, espérant de son amitié qu’il voudra bien en prendre la peine et accepter pour marque de son souvenir le petit présent qu’elle luy fait du diamant qu’elle porte, se dessaisissant en ses mains de tous ses biens.


Élisabeth Langlois a bel et bien oublié Louis Etienne qui a dû se sentir bien dépité de n’être pas convoqué ni cité dans ce testament.


La saga Deleurye : 

Louis Etienne Deleurye

Une famille de chirurgiens parisiens

2023-11-30

Z_Rose et Rozalie

 

Voici le dernier billet de ce ChallengeAZ, essayons de faire vibrer un titre en Z.


Alors je pense à Rose et à Rozalie, les deux dernières porteuses du patronyme Deleurye pour cette branche descendante. 

L’une est la petite fille de Louis Nicolas, l’autre est sa fille. L’une vit à Marseille, l’autre à Paris.

Elles ne se sont jamais rencontrées, elles ignoraient même leur existence mutuelle. Elles seraient bien surprises de l’apprendre.


Il serait temps qu’elles lisent tous les articles de A à Z pour faire connaissance.

 


Rose Deleurye

est la mère de mon arrière-grand-mère. Il m’a fallu plusieurs années pour remonter jusqu’à ses racines à Paris.

Son nom paraît étrange pour les gens de Marseille, il a été souvent mal transcrit. Porté par trois personnes au XIXe siècle, ce patronyme s’est éteint dans les femmes.

Elle n’a pas connu le grand-père Louis Nicolas Deleurye, je ne suis pas sûre que son père ait su transmettre des informations sur la famille.


 

Auguste était fils unique. Il était layetier et sa femme blanchisseuse, ils sont les parents de deux filles.

Rose est née le 4 janvier 1818 au numéro 28 de la rue des Martégales dans le quartier Saint-Laurent.

La fillette avait neuf ans et sa famille habitait au numéro 15 rue de la Rose, lorsque Julie est née le 13 janvier 1827.

La vie de Julie parait trop brève, mariée à 18 ans et morte à 27 ans. Je ne sais pas si elle a eu des enfants, elle n’habitait plus Marseille, mais avec son mari, cafetier à Ollioules.

En 1854, Rose était tailleuse, elle habitait rue du Théâtre Français. le 19 novembre, elle a épousé Toussaint Nicolas qui était cordier. Elle a donné naissance à six filles et trois garçons. L’aînée Marie Augustine Rose est mon arrière-grand-mère.

 


Jeanne Françoise Rozalie Deleurye

Rozalie, la demi-sœur cachée d’Auguste n’avait pas plus de six ans, peut-être beaucoup moins lorsque sa maman et aussi sa grand-mère moururent en 1774.

Elle a grandi protégée par son grand-père maternel François René Hurault de Morainville. Il avait les moyens de lui offrir une bonne éducation. Elle reste attachée à cet homme au point d’avoir donné le prénom Françoise à sa fille.

Oubliée de son père qui avait disparu, l’abandonnant sans jamais plus donner de nouvelles, comment a-t-elle construit l’estime d’elle-même ?

Elle s’est mariée vingt ans plus tard avec monsieur Boisvilliers affublé d’un troisième prénom étonnant Charles Éléonore Dorosay. Je me demande pourquoi le nom de la mère de celui-ci n’est pas mentionné dans la table des mariages.

Leur fille est née en 1800. Elle a épousé Alphonse Edouard Lelong, un industriel qui a participé à une exposition dans la catégorie des métaux et a reçu une récompense en 1834. Ils sont les parents en 1828 de Jean Pierre Alphonse Lelong. Élève de l’École des Beaux-Arts de Paris en 1847, il est devenu architecte.

 


On voit que les deux lignées de descendants de Louis Nicolas révèlent des destins bien différents. Ils ne vivent pas dans le même milieu social, les Marseillais n’ont pas suivi d’étude, et gagnent peu en exerçant des métiers modestes. Les filles de Rose travaillent comme couturière, repasseuse, blanchisseuses, alors que Rosalie et sa famille vivent dans l’aisance.

 

Mis à part Rose qui a eu neuf enfants, les Deleurye ne sont pas très prolifiques, ceux que j'ai retrouvés au XVIIIe siècle ont seulement deux enfants.

 

Si ces personnages pouvaient lire mon ChallengeAZ 2023, je me demande si cela les intéresserait de découvrir l’histoire de leurs ancêtres. J’aimerais bien leur raconter toutes mes histoires. Mais, peut-être des descendants contemporains vont-ils manifester un intérêt… 

 

2023-11-29

Y_ On y rencontre...

 

Il y a tant de surprises dans cette série d’articles du ChallengeAZ.

On y rencontre des ancêtres et des collatéraux inattendus qui peuplent les arbres de ma forêt.

Chez les Marseillais, je voulais transmettre la particularité de cette ambiance provençale, l’eau, la mer et ses tempêtes. Je vous ai raconté nos patrons pêcheurs prud’hommes, puis un layetier et son épouse blanchisseuse. Aucun n’est monté à Paris, ils disaient « On va en France » juste lorsqu’ils sortaient de leur Provence ensoleillée. Et voilà que le 9 octobre 1777 un Parisien est venu épouser une Marseillaise !




Chez les Parisiens, j’ai vu vivre des « Bourgeois de Paris », je les ai trouvés sympathiques, certainement parce que ce sont mes ancêtres. Moi qui suis provinciale, j’ai apprivoisé les gens de Paris et j’espère avoir réussi à leur donner des couleurs.

À mille lieues de la vie de mes marins méditerranéens ou de mes ancêtres paysans et artisans, j’ai découvert d’autres existences citadines dans la capitale au cœur de l'Histoire de France. La proximité avec le roi et sa cour offrait des emplois.   

Il a fallu que je me documente pour mieux comprendre comment les officiers achètaient leurs diverses charges et ce qu’elles leur apportaient.



J’ai inscrit dans notre généalogie des métiers inouïs. Voyez donc :

Un courtier, tireur, chargeur et débardeur de la marchandisede foin en la ville et faux bourg de Paris

Un cordonnier de la Reyne

Un fourbisseur

Des marchands pelletiers

Des maîtres de musique, un compositeur, un serpent, un maître de danse

Des organistes du roi

Une lignée de chirurgiens, certains spécialisés dans l'obstétrique, des professeurs de chirurgie.



En marchant sur les pas de ces personnes au XVIIe et au XVIIIe siècles, j’ai exploré les rues de Paris. Je suis entrée dans leur maison, avec l’émotion de comprendre qu’ils y ont habité, qu’ils y ont élevé leurs enfants, qu’ils y sont morts.

Je les ai écoutés à Versailles : l’on y chante, on y danse, on y vit au service du roi. 

Je m’y suis intéressée et vous aussi je l’espère.