Cette voix
traverse les âges et nous invite au vo Y
age.
Lorsqu’un des membres de la famille s’éloigne,
les lettres s’échangent. Les voyageurs racontent les péripéties du parcours, ils décrivent les lieux visités, leur regard apparaît souvent très intéressant. On peut
leur répondre poste restante, pour leur donner des nouvelles de ceux qui
restent à la maison.
Suivons les traces laissées par Zélia, et embarquons pour un voyage dans son époque.
Le 21 septembre 1884,
Hambourg, les bassins de l'Alster 1850 |
Zélia et son fils Gabriel sont
arrivés à Hambourg. Ils effectuent un voyage touristique depuis une quinzaine
de jours; alors, Zélia qui tient la plume pour écrire à ses nièces n’a guère trouvé
le temps de se poser devant l'encrier et le papier à lettres. Le trajet a été mené tambour
battant. Gabriel a tellement envie de parcourir l’Europe pour découvrir la
modernité des villes industrielles.
L’écriture de Zélia est celle d’une
femme cultivée, soucieuse de partager ses impressions. Elle a recours aux nombreux
adverbes et aux qualificatifs qui sont devenus des clichés. Pour communiquer
son enthousiasme, elle répète que le lieu lui paraît un des plus beaux, les villes sont splendides, ravissantes, attrayantes…
Selon l’usage au XIXe siècle, les points-virgules
marquent une petite pause à la fin de phrases longues, on s’arrête plus
rarement sur un point suivi d’une majuscule. J’aimerais reprendre mon souffle
avec une ponctuation d’aujourd’hui.
Le voyage qu’elle raconte dans cette
lettre témoigne d’un rythme intense que Zélia préférait plus tranquille, mais
Gabriel, jeune et dynamique a envie de visiter l’Europe. Alors, sa mère âgée de
56 ans et en bonne santé se montre capable de s’adapter.
Quand je songe que je voulais vous écrire à Uriage, et que me voilà à Hambourg avant que j'ai pu trouver une minute pour vous donner des nouvelles, cela me met devant les yeux, le côté triste des voyages de en plus rapides qu'aime à faire Gabriel; il voudrait je crois voir l'Europe entière en quelques semaines; depuis 16 jours que nous sommes partis, Nous avons visité la Belgique et la Hollande, en nous arrêtant dans toutes les villes où il y avait à voir la moindre chose, nous avons vu souvent deux villes le même jour de 8h du matin à 7 h. du soir. Nous ne nous arrêtons souvent que pour manger; il m'est arrivé d'être bien lasse le soir, mais une bonne nuit me remet.
Je n'entreprendrai pas le récit de notre voyage, il serait trop long, et le temps me manquerait; Je vous dirai simplement, que de toutes les villes que nous avons vues, beaucoup selon moi étaient insignifiantes, mais, Bruges en Belgique, Anvers, m'ont beaucoup intéressée, Rotterdam, La Haye surtout, sont deux villes ne ressemblant à aucune autre; Nous avons vu en Hollande, une petite ville, Arnhem, qu'on ne va voir que pour ses environs, mais ce sont les plus beaux de la Hollande et nous avons visité un des plus beaux parcs que nous ayons jamais vus; j'ai pris un plaisir infini à Arnhem, qui est la dernière ville que nous ayons vu en Hollande, à part Münster, nous n'avons vu encore en Allemagne que de grandes villes industrielles, que Gabriel admire beaucoup, mais qui me laissent froide. Hambourg est une ville ravissante, la plus attrayante peut-être de toutes.
Nous sommes
admirablement bien logés; nous avons une vue splendide de nos chambres sur les
bassins de l'Alster; qui ressemblent à deux grands lacs bordés d'arbres
splendides; de notre hôtel, on pourrait se croire en Suisse; il y a vraiment
des villes bien privilégiées. Nous partons demain pour Berlin qui nous plaira
probablement moins qu'Hambourg, c'est ce que je vous dirai quand nous aurons le
plaisir de vous voir.
Je désire bien avoir de vos nouvelles mes chères nièces, et je n'ose pas vous dire de m'en donner à Berlin, dans la crainte qu'elles n'y arrivent après notre départ. Ce sera plus sûr de nous adresser votre lettre à Dresde; [...]
Mais si vous ne
pouviez écrire que plus tard un jour ou deux après, le 28 par exemple, adressez
votre lettre à Nuremberg; mais
j'espère trouver une lettre de vous à Dresde, et je vais l'y attendre
impatiemment. [...]
J'accompagnerais volontiers Zélia et Gabriel, s'ils m'invitaient à voyager en leur compagnie...
Quel voyage pour cette époque !
RépondreSupprimerGabriel aimait voyager, il parlait plusieurs langues et s'intéressait à tant de sujets.
SupprimerIntrépide Zélia à travers l'Europe avec son fils, j'aimerai connaître ses impressions sur Dresde !
RépondreSupprimerOn regrette de ne pas pouvoir être avec Zélia et Gabriel
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