Il est une coutume en pays d’Auvergne qui donne la préférence au fils aîné. Celui-ci a toutes les faveurs. On fait des sacrifices pour lui, on l’envoie à l’école, on le rachète du service militaire. Il va rester dans la maison, c’est lui qui doit la continuer. Il sera l’héritier universel de l’intégralité des biens fonciers, moyennant le paiement de légitimes.
La
préférence de transmission au fils aîné s’explique par un souci de ne pas morceler
les terres. Il doit travailler, entretenir ceux qui sont mineurs, payer leur part à ses frères et continuer à
verser petit à petit la dot de ses sœurs. Il permet à ses parents de vivre "à pot et feu commun" avec sa
femme et ses enfants, puisqu'ils habitent dans leur maison. Ses frères cultivent dans une propriété plus petite, ou bien ils partent en ville. Il va peut-être
les envier, s’ils ont une vie plus confortable.
Dans cette
famille, c’est d’abord le prénom Jean qui est transmis à l’aîné. Jean Baptiste
père et grand-père de Jean Baptiste, puis Jean François, père de Jean Baptiste "Urbain".
Génération 4 : JB : Le père de Jean
François Fauriat.
Jean est
mort en le 28 juin 1866, il a rédigé son testament le 22 mai. Je ne l’ai pas
lu, mais on en connait la teneur. Il laisse l’usufruit de ses biens à son
épouse Thérèse Carrot (dont le nom plaisait bien à mes enfants !) (Ce sont
mes sosas 56 et 57). Le couple a neuf enfants dont six vivants cette année là.
Thérèse
renonce à cet usufruit. En 1886, elle vit chez son fils aîné et ses cinq
enfants. A l’occasion de son mariage,
elle lui a donné, comme convenu, la jouissance des propriétés de son père, en
échange d’un revenu mensuel.
Jean, l’aîné des six garçons de Thérèse vient après une fille, Mariette.
Joseph Régis était militaire fusilier. En
1861, il est décédé de fièvre typhoïde à l’hôpital militaire de Saint-Etienne.
Il avait 21 ans.
Urbain et François ont été moins favorisés.
Augustin est cultivateur, il est parti vivre
et se marier dans la Loire. Sa mère donne son consentement le 10 septembre 1871.
Il faudrait lire son contrat de mariage pour en connaitre les détails, (à chercher aux AD 42).
10 septembre 1871 |
La femme dotée se trouve exclue du partage de
la succession de son père. Il serait intéressant de voir si cela est
expressément mentionné dans les contrats de mariage d’Euphroisie en 1868 et de
Jeanne Marie en 1873, elles ont épousé deux frères. La cadette va vivre à
Saint-Etienne où elle retrouve peut-être Augustin.
Ma mère descend de la lignée des fils aînés ;
les lointains cousins que j’ai pu retrouver savent bien me dire qu’ils n’ont
pas été avantagés comme la branche des aînés. Je peux comprendre leur
ressentiment, d’autant plus que mon oncle aurait souhaité continuer la coutume
et ne pas partager avec sa sœur.
Les montagnes sur la ligne du partage des eaux entre Vivarais et Velay |
Dans d'autres branches de ma forêt du Vivarais - Velay, nous descendons aussi de filles qui ont laissé
leurs frères s’occuper des propriétés et parfois des titres et patronymes dont
ils ont hérité. Certaines ont donné naissance à des descendances moins riches,
moins instruites, voire pauvres et illettrés.
Bibliographie
Abel Poitrineau, Institutions et pratiques successorales en
Auvergne et en Limousin sous l'Ancien Régime, Études
rurales Année 1988 110-112
pp. 31-43
https://www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1988_num_110_1_4610
Dousset, C. (2009). Femmes et héritage en France au XVIIe siècle. Dix-septième siècle, 244, 477-491. https://doi.org/10.3917/dss.093.0477
Merci beaucoup pour ce témoignage sur les héritages de jadis
RépondreSupprimerLes traditions ont parfois la peau dure manifestement.
RépondreSupprimerIntéressant ! En Alsace, la coutume donnait préférence au dernier fils : c'est le droit de juveignerie dont nous parlerons à la lettre J.
RépondreSupprimerVoilà qui est étonnant, je lirais cet article demain !
SupprimerTrès intéressant, c'est un sujet qui répond à mon enquête du moment et qui sera très probablement le thème de mon Challenge 2022, également entre l'Ardèche et la Loire.
RépondreSupprimerCe thème me parle bien, tu t'en doutes, garde-le. Et bonnes recherches ...
RépondreSupprimerTrès intéressant ! Et si l'ainée est une fille... et qu'il n'y a qu'un fils, ça se passait comment ?
RépondreSupprimerMerci Sandrine pour cette lecture de mon ChallengeAZ. La question est judicieuse et tu me donnes envie de chercher des exemples pour écrire une suite à ce billet.
Supprimerintéressant ! je ne savais pas. Je vais observer ce qui se passe dans ma branche auvergnate
RépondreSupprimerJ'aimerais rassembler des histoires d'héritages en Auvergne pour étudier cela concrètement. Il faut que je trouve des testaments.
Supprimer