2021-11-29

Y _ Ici, là, à cet endroit

 

Elle désirait reposer à Pébrac.

Abbaye de Pébrac

Alors, j’ai voulu voir cette abbaye située aux confins de la Margeride et du Gévaudan.

Le village de Pébrac se niche dans un paysage enchanteur. On raconte des légendes où les fées blondes et pâles venaient la nuit filer leur quenouille, avec la laine blanche et noire des brebis bizet et des brebis noires du Velay. Les petites fées prédisaient l’avenir aux bonnes gens du pays.


L’avenir était sombre pour Delphine de Tailhac, lorsqu’elle se résolut à rédiger son testament qu’elle écrit de sa propre main, le 8 mai 1638. Elle le cachète et le remet au notaire le 14 juin.  

Elle désire être inhumée à l’Abbaye de Pébrac, où ses prédécesseurs sont enterrés, après translation de leurs restes dans la chapelle du Saint-Rosaire, qui est à côté de la nef. Elle donne 200 livres pour réparer l’église.

 


Ses ascendants proviennent d’une famille d’ancienne chevalerie dont les ancêtres sont partis en croisade. Beaucoup de mes lecteurs me diront qu’il est difficile de trouver des sources pour l’assurer. Cependant j’aime imaginer que le chevalier Astorg de Tailhac, mort le 16 janvier 1393 à Jérusalem (celui-ci n'est pas inhumé à Pébrac !), serait lui-même le fils d’Artaud, fils de Guillaume, fils d’Artaud, fils de Guillaume, fils d’Astorg. En outre, cette famille a donné plusieurs chanoines-comtes de Brioude et des abbés à Pébrac. Ils ont fait des fondations (des dons) pour l'église.

 

Delphine (ou Dauphine) de Tailhac a accumulé les déceptions au cours de sa vie mouvementée et plutôt triste. Surtout pendant son troisième mariage malheureux, son détestable mari lui a causé beaucoup de complications.

 

Comme les historiens dont les études m’ont permis de découvrir son existence, je ressens de la compassion pour cette Dame de Margeride. Elle apparaît généreuse, même si elle est entourée de gens qui ont abusé de sa confiance.

 


Accompagnés d’une habitante du village qui nous a servi de guide, passionnée par la longue histoire de l’abbaye, nous avons visité l’église de Pébrac. Nous avons pu admirer une partie de son trésor : 

Les dix personnages d’une crèche en bois polychrome du XVe siècle.


Une chape en soie brochée du XIe siècle, présentant de merveilleux décors d’oiseaux, de quadrupèdes et de feuillages enroulés tels des arbres de vie. Ce tissu est considéré comme un travail des ateliers orientaux, on suppose qu’elle aurait pu être ramenée des croisades.



Delphine teste une dernière fois, le 17 mai 1656. Elle n’a pu signer à cause de son indisposition, étant dans son lit gisante. Elle s’éteint huit jours plus tard, le 24 mai 1656 au Puy-en-Velay.

Voilà qui pourrait attester que son tombeau se trouve effectivement dans l’église de Pébrac. On peut penser que ses toutes dernières volontés ont été respectées, même si la suite de sa succession s'est avérée houleuse.

 


Nous n’avons pas eu le temps de voir, non loin de là, le village de Tailhac, que Delphine aimait tant. Je me promets de découvrir un jour le fief de Haute et puissante dame Delphine de Tailhac, dame de Margeride, Montpeyroux, Charraix, Clavières et autres places. Dauphine de Tailhac (sosa 5781) est la dernière représentante à porter ce patronyme. Je pourrais écrire d’autres épisodes de sa vie et de sa famille…

 



Sources : revue "A moi l’Auvergne" n°82 et n°117


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