2021-11-12

K _ Carreau de dentellière




Une dizaine de fuseaux dormaient dans un sac en tissu oublié dans la poussière du grenier. 


Dans la boîte à couture, sont restées des épingles à la tête colorée dont je comprends l’utilité en écrivant ce billet.

 


Comme j’aimerais que l’on ait gardé le carreau sur lequel mon ancêtre Marie piquait des épingles comme celle-ci, puis entrelaçait les fils en faisant passer et repasser les fuseaux.



La photo du carreau provient du musée de Richard-de-Bas, c’est la maison des ancêtres auvergnats de mon mari, elle trouve sa place dans cet article.

À côté du coussin on dispose une lampe appelée doulhi, une boule en verre remplie d’eau qui concentre la lumière sur le carreau. Cela permettait aux ouvrières d’épargner quelque peu leurs yeux.

 


Mes grand-mères du Velay se montraient sans doute expertes à manier les fuseaux. Depuis le XVe siècle, la renommée de la dentelle du Puy fait honneur aux dentellières, aux élégantes et surtout aux négociants qui profitent de réseaux de collectes des ouvrages dans les campagnes.

Elles aimaient orner leurs costumes, leurs cols, leurs coiffes, leur linge et celui des enfants de petites merveilles qui prenaient forme sous leurs doigts agiles en maniant le fuseau autour des épingles piquées sur le coussin.

 



Mes ancêtres vivaient parmi quelques nobles dames du Velay pratiquant cet art et parmi beaucoup d’humbles paysannes dont je suppose qu’elles vendaient leur dentelle aux colporteurs qui livraient les ouvrages aux marchands du Puy-en-Velay.

 

L’apprentissage s’est transmis de mère en fille, pour les plus expérimentées. À moins que ce ne soit une technique enseignée par les béates. (Voir l’article auquel j’ai contribué sur Wikipédia qui explique le rôle de ces demoiselles institutrices du Velay).

 

 


Mamie Rose était adroite pour créer des merveilles avec ses crochets et des fils de coton, mes cousines m’ont apporté une boîte remplie de rubans et de dentelles. Je reconnais les motifs familiers, et je la revois penchée sur napperons.



D’autres grand-mères tricotaient avec des aiguilles fines des couvertures en coton blanc, des chefs-d’œuvre que je conserve précieusement !


Pour voir une dentellière à l'ouvrage:

Une dentellière au hasard d’un chemin de Haute-Loire (1974), Arch. dép. Puy-de-Dôme, fonds Jean-Dominique Lajoux (en cours de cotation)

3 commentaires:

  1. je n'ai pas de dentellière dans ma famille mais une maman tricoteuse jusqu'à son dernier souffle ! j'adore cet article !

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  2. Que de merveilles confectionnées, un savoir-faire ancestral transmis, des yeux usés pour cette dentelle

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  3. Quelle chance que de pouvoir conserver ces trésors de dentelles !!

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