2023-11-08

G_ Grosse surprise

 

Les surprises s’enchaînent en cascade dans cette branche parisienne inattendue.

Au début des recherches

Anne Jeanne Paulinépouse de Louis Etienne Deleurye, maître chirurgien (sosa 408) est nommée dans l’acte de mariage de leur fils Nicolas Louis Deleurye. 

Le document suivant montre qu’elle fait partie des héritiers de sa tante Marie Anne Paulin. Celle-ci est l’épouse de Claude Martin Le Preux, marchand pelletier; il avait le même métier que leur père Hubert Paulin. Celui de Nicolas Louis Deleurye.

La vieille dame a rédigé son testament le 23 mars 1764. Elle nous présente ses nièces : Anne Jeanne et Louise, ainsi que son neveu Nicolas Hubert.


Quelle surprise ! lorsque j’ai annoncé à mes enfants musiciens que le frère de leur aïeule, Nicolas Hubert Paulin était organiste du Roy. Par chance, ce compositeur est connu et me donne le nom de son père : Frédéric Hubert Paulin (sosa 818), qui est lui aussi musicien.

Ces hommes furent appréciés en leur temps, il est alors facile de suivre leurs traces de Paris à Versailles. 

 

Un maître de musique


Frédéric Hubert Paulin est orphelin à l’âge de dix ans, son père Hubert Paulin et sa mère Marie Coré meurent à six mois d'intervalle. La fratrie est confiée à leur grand-oncle André de Cambronne, marchand pelletier. Un homme influent, marguillier de la paroisse des Saints-Innocents.  Dès 1688, le jeune garçon chante avec les enfants de chœur, à la maitrise de cette église. Il montre des dispositions de musicien et continue à se perfectionner.

Le 13 août 1698, il est engagé pour assurer le service de la cathédrale Notre-Dame en jouant du serpent. Je vous décrirai plus en détail cet instrument dans un prochain article (S_Serpent).


Il étudie la composition avec André Campra, organiste et maître de chapelle de Notre-Dame de Paris, un des artistes les plus éminents de cette époque.

André Campra, à droite. 


Le 26 juillet 1704, à l’occasion de réjouissances pour la naissance du fils du roi, Paulin compose un Te Deum qui est donné dans l’église du couvent des Célestins.

Le 17 octobre 1705, il publie un livre de motets pour voix et basse continue à l'usage des Dames religieuses. Il habite rue de la Savaterie.


Il semble que mon ancêtre « Magistro Huberto Paulin, clerico matutinarum et bassisono » qui portait la soutane, ait renoncé à entrer dans les ordres. Je suis heureuse qu’il ait épousé Anne Destas le 26 octobre 1706 et que leur fille Anne Jeanne
(sosa 409) ait pointé son nez l’année suivante.

Le 30 août 1706, le futur père est reçu au poste de serpent de la collégiale Saint-Honoré.


À partir de 1709, il habite avec sa famille dans le cloître de Saint-Honoré. Il incite ses propres enfants, il en avait cinq, à étudier la musique et à chanter avec les enfants de chœur qu’il dirige. Son fils Nicolas Hubert va ainsi recevoir une belle éducation qui lui permettra de devenir à son tour un organiste reconnu auprès du roi.

Le 18 septembre 1742, il doit être fier d'aller au mariage de son fils qui, en épousant la veuve de l’organiste de Notre-Dame de Versailles, s'apprête à remplacer celui-ci comme titulaire de l’orgue. Le mois suivant, sa fille Louise se marie avec  Jean Jacques Caïez, maître de danse de l’Académie royale de Musique.

Apprécié dans sa fonction de maître de musique, il reçoit maintes gratifications financières en reconnaissance de ses qualités et de son dévouement auprès des enfants de la maîtrise. Il remplit ces fonctions pendant une cinquantaine d'années.





Frédéric Hubert Paulin n'a pas publié toutes ses œuvres, hélas, mais il figure dans le recueil "des meilleurs auteurs français", publié au début du XVIIIe siècle, tout comme Carissimi et Campra.



Il compose des motets, des Te Deum, des œuvres religieuses, de la musique de chambre, et même des chansons et airs à boire… 

Livre de motets pour voix et basse continue à l'usage des Dames religieuses. (1705)

Airs sérieux et à boire, composez par Monsieur Paulin... (1705)

Airs tendres et à boire, muzettes, vaudevilles, etc.


Que pensez-vous de celle-ci ? "Ne reveray je plus la beauté qui m'enchante." 

Le 25 janvier 1751, le vénérable vieil  homme meurt, à l'âge de 83 ans, il est inhumé dans l’église du couvent Saint-Honoré.

Frédéric Hubert Paulin, Motet 


La source de cet article provient de l’étude consacrée à Frédéric Hubert Paulin, pages 189 à 222 de l’ouvrage L’art vocal en France au XVIIe et XVIIIe siècles. L’auteur est Erik Kocevar que j’aimerais vraiment rencontrer pour le remercier et lui dire ma gratitude.


6 commentaires:

  1. Extraordinaires découvertes avec cette branche, je reste sans voix

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi de même, je n'ai pu étoffer cette branche et écrire ces articles qu'après 5 ans de silence !

      Supprimer
  2. Ah les recherches parisiennes... de surprises en surprise !

    RépondreSupprimer
  3. C’est ce qu’on appelle une énorme généa-joie 😊 Passionnant !

    RépondreSupprimer
  4. Merveilleuse découverte et très riche et intéressant article qui en découle. J'aurais aimé avoir des ancêtres musiciens. Pour l'heure, je n'ai qu'un collatéral (Gabriel Pierné).

    RépondreSupprimer

Merci pour le commentaire que vous laisserez !