Confier des fonds d’archives privées aux services publics est la meilleure façon de les conserver et de les partager.
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| Archives du Rhône et de la métropole de Lyon SashiRolls, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons |
On trouve aux Archives du Rhône et de la métropole de Lyon, sous la cote 44 J, des dossiers étonnants.
Le fonds de la famille de Chaponay est
assurément, aujourd’hui le plus beau fonds d’archives privées conservé dans les
archives départementales du Rhône.
Cette phrase est l’incipit de l’avant-propos, écrit par le conservateur qui présente ce fonds.
Il précise plus loin que « l’historien des institutions et des événements politiques bénéficiera […] de la correspondance de Pierre Antoine Barou opposant à la réforme Lamoignon de 1788, et de la correspondance d’un certain Deschamps, envoyée de Versailles entre 1789 et 1790. »
Pierre Antoine Barou est mort, victime de la Révolution en 1793. Jeanne Marie Durand de Châtillon lui survivra jusqu’en 1832.
Le couple n’avait pas d’enfant, c’est Marie Antoinette, la nièce de Jeanne Marie qui héritera de sa tante. En épousant le marquis Pierre Anne de Chaponay le 17 décembre 1795, elle entre dans une famille lyonnaise réputée pour être des plus anciennes.
Ses descendants sauront conserver les archives de la famille Barou et celles de la famille de Chaponay. Ils ont fait aménager une salle située de la tour du château de la Flachère. Les documents sont remis en dépôt aux Archives du Rhône en 1978 et l’État en fait l’acquisition.
Marie Antoinette promise à Pierre Anne de Chaponay a réussi ce que l’on appelait à l’époque un beau mariage. Cette alliance avec une famille de notables apparaît intéressante socialement pour la famille Durand; aux Chaponay, elle apporte en dot le domaine de Châtillon. Les enfants de Marie cumulent les avantages puisqu’elle est fille unique et qu'ils hériteront de leur grand-oncle oncle et de leur grand-tante.
Pierre Anne de Chaponay écrit à la tante de sa fiancée une lettre absolument parfaite.
Lyon
14 frimaire an 4
Madame
Monsieur de Châtillon votre frère vient de me faire l’honneur de m’accorder la main de Mademoiselle sa fille, oserais-je espérer Madame que vous approuverez son choix et que vous voudrez bien m’accorder votre amitié, je ferai tout ce qui dépendra de moy pour la mériter, soit en rendant Mademoiselle votre nièce la plus heureuse qu’il dépendra de moy, soit en allant au devant de tout ce qui pourra vous être agréable.
Je vous prie Madame de recevoir
l’assurance du respect avec lequel je suis
Votre très humble et très obéissant serviteur
Chaponay l’ainé
Ma
mère et mes frères vous prient de recevoir leurs hommages
On a envie de croire qu'il a tenu la double promesse de rendre sa future femme heureuse et de s’occuper de la tante qui avait bien besoin d’être entourée. Jeanne Marie avait alors 45 ans, elle se trouvait veuve depuis deux ans, comme d’ailleurs la mère de Pierre Anne. Leurs époux sont morts sous la guillotine en 1793. Lyon était en ruine.
Jeanne Marie a proposé à sa nièce, son mari et leurs quatre enfants de loger dans le deuxième étage de son hôtel particulier. Son petit-neveu Antonin recevra en dot cet immeuble et saura conserver les archives des Barou du Soleil.
C’est grâce à eux que je peux documenter la vie de Pierre Antoine Barou du Soleil.
Je vais lui dédier mon 11e ChallengeAZ.
