J_ Je

 

Je sais qu’il faut éviter de commencer une lettre par Je.

Les codes de bonne conduite qui enseignent l’art épistolaire recommandent au scripteur de ne pas se mettre en avant.

J. Barcat, Femme au secrétaire,1910

Pourtant la correspondance personnelle verse dans l’intime et le récit de soi. Celui qui rédige est bien conscient que les écrits restent plus longtemps que la parole.

Zélia reste vigilante pour ne pas trop s’étaler et n'oublie pas de s’inquiéter de la destinataire.

Zélia à Jeanne 1868

Je me réjouis de  lire des nouvelles de mes amis lorsque je reçois un message papier ou autre. Tout autant, cela me fait plaisir d'apprendre des détails sur la vie de nos ancêtres dans les correspondances conservées. Et s’ils sont bavards, tant mieux !

 Zélia à Virginie, 1878.

On assiste évidemment à une certaine mise en scène de ceux qui écrivent. Ils ont pu se permettre quelques distorsions du réel : exagération, manque de sincérité, ou silence sur certains événements sensibles. N’imaginons pas que leur subjectivité reflète exactement la réalité. 

Finir une lettre est tout un art.

Souvent les lettres de Zélia s’achèvent au bas de la quatrième page d’une feuille pliée en deux. Laisser une demi-page blanche pourrait être perçu comme une impolitesse. Elle s'applique à écrire jusqu’en bas du feuillet.

Alors, le temps qui presse peut être une raison de prendre congé. On peut dire qu’il est tard, que l'on ne veut pas manquer la levée du courrier…

Au moment de la séparation, il est utile de rappeler les liens avec la parenté, en saluant tout le groupe familial. On demande de transmettre son bon souvenir à certains que l’on nomme. 

 

De lettre en lettre, cette répétition des « amitiés», à entretenir avec chacun des habitants du premier au dernier étage, semble nécessaire à Zélia qui ne veut pas perdre de vue les cousins de son époux. 

La signature

La signature et la dernière ligne sont révélatrices de la proximité du scripteur. Les usages du XIXe siècle permettaient moins de spontanéité et les formules apparaissent affectées.

Même dans la correspondance adressée aux proches parents, les femmes mariées signent avec le nom marital. L’initiale de leur prénom est souvent la seule marque personnelle.

Le 2 janvier 1892, après avoir présenté ses vœux à ses nièces, Zélia pose « votre tante bien affectionnée » au-dessus de sa signature plus formelle. 

Voir aussi :

H_ Hospitalité quand Zélia invite sa parenté.